Bien que le coronavirus fasse toujours partie de notre quotidien, la vie reprend tranquillement son cours. Si différents corps de métier ont été fortement touchés par la crise, les artistes font partie de ceux qui ont été privés de beaucoup de libertés. Heureusement, les expositions sont à nouveau autorisées. L’occasion pour nous de soutenir le travail des artistes et des galeries tout en se changeant les idées. Voici 5 expositions à ne pas manquer ce mois-ci.
« The Silent Mirror » – M’barek Bouhchichi
Pour la deuxième fois, l’artiste plasticien M’barek Bouhchichi investit la galerie d’art L’Atelier 21 avec son exposition « The Silent Mirror » reposant sur la représentation et la perception du corps noir dans la société marocaine. Moulé, sculpté, dessiné, peint, le corps est ici mis en exergue à travers un kaléidoscope de signes, de fragments et d’images qui donnent à voir le multiple ou l’éclaté comme l’explique l’écrivaine d’art Fatima-Zahra Lakrissa, avant d’ajouter : « Mains, têtes, visages, empreintes se font métaphores, doubles -voire doublures- de corps invisibles qui peinent à faire un. Ils renvoient au morcellement du corps humain et à l’éclatement de la perception, assignant donc au regardant la responsabilité de reconstituer les nombreuses significations imaginaires et symboliques de l’image du corps éclaté ou de s’égarer dans l’opacité d’une telle fragmentation ».
Les œuvres de M’barek Bouhchichi ont une composante autobiographique indéniable. À travers peinture, dessin, installation ou vidéo, l’artiste formule des propositions esthétiques, intimement liées à son vécu et à l’expérience de ses proches. Peu enclin à séduire la rétine, l’art de Bouhchichi donne à voir l’une des expériences plastiques les plus intéressantes et les plus contemporaines au Maroc.
Jusqu’au 26 avril 2021 à la Galerie d’art L’Atelier 21, 21 rue Abou Mahassine Arrouyani (ex rue Boissy-d’Anglas), Casablanca. Tél.: 05 22 98 17 85.
« On the moon » – Alban Marissal
C’est à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars dernier, que l’artiste Alban Marissal a été invité à prendre résidence au Mövenpick Mansour Eddahbi Marrakech afin de présenter « On the moon », sa nouvelle exposition qui rend hommage à la femme. L’artiste y dévoile alors différentes séries de peinture à huile où les visages sont illustrés des pages de livres anciens arméniens ou encore sur les pages du célèbre journal français « Le monde Diplomatique », une collection de calligraphie soulignant des symboles de paix et de tolérance en passant par une mosaïque de tableaux formés par la collection « Lamartine Jocelyn » représentant une série de 104 pages de portraits. Sur chacune de ses œuvres, l’artiste immortalise l’expression et l’émotion de chaque personnage pour dévoiler des messages et histoires extraordinaires, chacune dans un contexte et paysages différents.
Aux côtés de ces magnifiques tableaux sont exposées d’impressionnantes sculptures en maille d’oiseau peintes en bronze qui portent le nom de « La voltigeuse », « L’inspiratrice » ou encore « Les demoiselles d’honneur ». Symbole de sensualité, poésie, délicatesse et émotion, ses personnages créés en grillage dévoilent en quelque sorte la lumière de l’esprit. Une manière symbolique pour Alban Marissal de libérer le corps physique qu’il considère comme une « prison pour l’âme ».
Jusqu’au 31 mai 2021 au Mövenpick Hotel Mansour Eddahbi Marrakech, avenue Mohammed VI, Marrakech. Tél.: 05 24 33 91 00.
« L’Échiquier » – Saad Hassani
Jusqu’au 25 avril, la Loft Art Gallery de Casablanca accueille quant à elle le deuxième solo show de l’artiste peintre marocain Hassani. Cette exposition s’inscrit dans la continuité de sa série l’Échiquier. En constante mutation, celle-ci se réinvente au gré des saisons et c’est sans retenue que l’artiste explore aujourd’hui des palettes de couleurs différentes, plus chaudes. Ainsi, la couleur ocre vient s’imposer auprès de la force prédominante du Roi, de la Tour et du Cavalier.
Outre les couleurs, la gestuelle évolue également. Sur des toiles au format plus contenu, cette dernière est mise au premier plan. Alors que sa peinture est parvenue à une incontestable maturité, Hassani fait la démonstration d’une liberté qui fait événement. Il va au-delà du cadre traditionnel de la toile, explore les mises en volume, ose cette confrontation contemporaine avec des matériaux déjà là. Il ouvre, par ces questionnements sur le réel et son double dans l’image, de très nouvelles et très enrichissantes perspectives à son travail.
Jusqu’au 25 avril à la Loft Art Gallery, 13 rue El Kaïssi, Triangle d’Or, quartier Bourgogne. Tél.: 05 22 94 47 65.
« Visite » – Amine El Gotaibi
Depuis 2011, l’artiste pluridisciplinaire Amine El Gotaibi tisse un passage vers la lumière. De la genèse à l’œuvre totale, il conçoit Visite à Okavango, un laboratoire spatio-temporel africain à la rencontre de 16 pays, de leurs artistes et de leurs territoires. Au profit de cette plateforme collaborative, MCC Gallery invite l’artiste du 3 avril ou 29 mai pour une exposition/action intitulée Visite rassemblant 9 projets de l’artiste, développés entre 2011 et aujourd’hui, dans une scénographie immersive et labyrinthique. Comme en atteste l’exposition, cette période est irriguée par une révélation, prélude à un cheminement dans lequel chaque projet de l’artiste vient s’inscrire tel un nouveau chapitre ouvrant un ensemble de questions.
La source de ce parcours remonte à 2007, lorsque Amine El Gotaibi amorce son projet Rivière sèche qui interroge la notion de rivière sèche comme symbole de fertilité et comme métaphore d’un pouvoir stérile. Quatre ans plus tard, il découvre l’existence d’Okavango, l’un des plus grands fleuves endoréiques au monde et dont le delta ne rejoint pas la mer, mais le désert du Kalahari au Botswana. Cette découverte bouleverse El Gotaibi qui, dès lors, ressent l’impérieux besoin de rendre visite à Okavango, devenu symbole d’émancipation, libérateur des normes et éveil absolu à l’altérité. L’exposition/action VISITE trace le lien et le cheminement de l’artiste à travers son œuvre vers Okavango et vers l’Afrique. Cette exposition est alors l’occasion pour le public de découvrir une sélection d’œuvres pour la plupart inédites.
Jusqu’au 29 mai à la MCC Gallery, 281 Sidi Ghanem, Marrakech. Tél.: 06 14 45 24 79.
« Bert Flint : une exposition » – Musée Yves Saint Laurent Marrakech
C’est un véritable hommage au collectionneur, anthropologue et expert des arts Bert Flint qu’offre le Musée Yves Saint Laurent de Marrakech à travers une exposition inédite. Celle-ci dessine en effet le portrait de ce regardeur passionné, qui a su mesurer par sa proximité avec les différentes cultures marocaines et subsahariennes, leur caractère pragmatique. Pensée comme un vaste poème visuel, l’exposition suit la démarche de Bert Flint, en privilégiant un langage formel. Vanneries, poteries, parures, amulettes, textiles et maroquineries dessinent, ensemble, un paysage emblématique de sa pensée et de son regard sur ces territoires allant de Marrakech jusqu’à Tafilalet en passant par les régions d’Afrique noire, du Niger à la Mauritanie.
Au total, ce sont plus de 200 œuvres de la collection personnelle de Bert Flint qui sont données à voir à travers cette exposition. Ainsi, chaque étape du parcours est en lien avec une de ces régions qui, porteuse de son histoire, enrichit et transforme les autres régions au contact des populations nomades ou semi-nomades. Riche de ces échanges, chaque objet exposé est en réalité témoin et indice de pratiques culturelles partagées et atteste de la présence d’un socle culturel commun. Avec cette mosaïque qui se développe de part et d’autre, du Maroc au Sahel, il s’agit aussi de penser tous ces mondes comme une seule entité culturelle et artistique.
Jusqu’au 30 mai 2021 au Musée Yves Saint Laurent de Marrakech, rue Yves Saint Laurent, Marrakech. Tél.: 05 24 29 86 86.
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