Société

Harcelées par des chauffeurs de taxis et VTC, des Casablancaises témoignent

Prendre un taxi pour se déplacer en ville est une action de prime abord banale au Maroc. Mais pour les femmes, un trajet en taxi peut vite virer au cauchemar. Pendant la journée ou tard le soir, les femmes ne sont pas à l’abri de mauvais agissements des chauffeurs de taxi et de VTC. Elles ont vécu des expériences désagréables, elles témoignent.

 

 

«Il était 00h30, je sortais d’une soirée entre amis, un samedi soir. Pour rentrer chez moi, j’ai commandé un taxi via une application (Heetch). Après dix minutes d’attente, mon chauffeur me récupère, mais manque de chance pour moi, il y avait déjà une passagère qu’il devait déposer sur la corniche de Casablanca, (à ce moment là, je me dis que le trajet est mal parti). Après avoir déposé sa première cliente, le chauffeur engage la discussion avec moi, assise à l’avant. Il commence à me demander quels sont mes goûts musicaux après que je lui ai demandé de baisser le volume de sa radio qui crachotait, puis là malaise, le taxi commence à me complimenter : « tu as de beaux cheveux, tu es classe, tu es jolie… », Inutile de dire que le malaise ne faisait que grandir. Mais le pire moment fut sans doute lorsque je suis arrivée à destination. Finalement en bas de chez moi, je règle la course, et note mon trajet avec ce chauffeur (3 étoiles), il n’en méritait aucune mais m’a pressé de le noter. Une fois la note donnée, le chauffeur de taxi m’a surprise en me demandant de le saluer pour lui dire au revoir, je lui ai naïvement tendu la main, quand il m’a dit qu’il souhaitait que je lui fasse la bise. Surprise et choquée par cette requête, je lui explique que non, il n’est pas possible pour moi de l’embrasser. Malgré mon refus, celui-ci insiste, pour m’en sortir, j’ai dû lui dire que j’étais mariée… » Meryem, 27 ans.

« J’étais avec un ami, qui ne pouvait pas me ramener chez moi, il m’a alors déposé devant un taxi sans passager. Visiblement sympathique et de bonne humeur, mon chauffeur fait des blagues et semble apprécier son métier parfois ingrat. Tout allait bien jusqu’au moment où il m’a demandé de lui tenir la main. J’essaye de comprendre pourquoi il voudrait que je lui prenne la main, il me dit que c’est pour savoir si elles sont froides ou chaudes. Je suis dans un quartier que je ne connais pas, très loin de chez moi, heureusement nous étions en pleine après-midi, je lui donne rapidement ma main pour qu’il arrête d’insister, mais ce n’était que le début de la fin. Il essaye ensuite de me toucher le bras, puis la cuisse… C’en était trop, je lui ai demandé de s’arrêter, il fallait que je descende de ce taxi. Effrayée et dégoutée, je n’ai plus pu monter dans un taxi pendant un mois. Quant au chauffeur de taxi, un homme âgé, il continue de travailler en toute impunité. J’aurai bien aimé le dénoncer à la police, mais dans la panique je n’ai pas retenu sa plaque d’immatriculation. Aujourd’hui, je le regrette, j’aurais aimé le dénoncer afin qu’il n’agisse plus de la sorte avec qui que ce soit. » Salma, 31 ans.

« Jeune maman, je devais emmener mon bébé chez le médecin. Comme je ne pouvais pas prendre la voiture, j’ai fait appel à un taxi pour nous déposer chez le pédiatre. Il arrive à temps, il est agréable et sympathique pendant une partie du trajet. Arrivée à destination, je lui demande combien je lui dois, il me dit que je ne suis pas obligée de payer si j’accepte de le revoir le soir. Je lui explique que je souhaite payer et qu’il est hors de question que je le revois. Énervée et en colère, j’ai réglé la course sans demander mon reste. Malheureusement, il avait mon numéro de téléphone et n’a pas arrêté de m’appeler à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Divorcée et mère célibataire, j’ai dû changer de numéro de téléphone pour qu’il cesse de me harceler.» Laila, 35 ans.

 

« J’étais dans un quartier où il y avait beaucoup de cafés, pour éviter de me faire draguer, j’ai préféré prendre un taxi, même si mon trajet était court. Une fois dans le véhicule, je m’assois côté passager. Il a posé sa main sur ma cuisse, j’ai pris sa main et l’ai posée près de lui. Je lui ai demandé de s’arrêter pour pouvoir descendre, il a demandé à ce que je le paye, j’ai refusé et je lui ai dit que s’il voulait se plaindre, que je me plaindrai encore plus fort. » Soraya, 34 ans. 

 

Jeune femme, mère de famille, femme mure… toute femme quel que soit son âge, son style vestimentaire ou son métier doit penser à deux fois avant de sortir de chez elle et se déplacer. Si ces situations ont toujours existé, les nouvelles avancées technologiques, les nouveaux sites, les groupes Facebook permettent de dénoncer pour ne plus jamais subir.

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