Alimentation: où peut-on trouver du bio au Maroc?

Le marché du bio n’en est qu’à ses balbutiements au Maroc. Environ 80.000 tonnes de production sont réservées au marché national. Les consommateurs initiés ou non au bio ne sont pas toujours bien informés des différents réseaux de distribution. Où trouver du bio au Maroc? Éléments de réponse.  

Le marché du bio n’en est qu’à ses balbutiements au Maroc. Environ 80.000 tonnes de production sont réservées au marché national. Les consommateurs initiés ou non au bio ne sont pas toujours bien informés des différents réseaux de distribution. Où trouver du bio au Maroc? Éléments de réponse.  

Les distributeurs au Maroc sont représentés par l’Anadex Bio (Association des distributeurs et exportateurs du Bio), membre de la Fimabio (Fédération Interprofessionnelle Marocaine de la Filière Biologique), soit l’interlocuteur officiel du ministère de l’Agriculture au sujet de la production biologique au Maroc . « Le bio n’en est qu’à sa naissance au Maroc. Il existe seulement dans les grandes villes, c’est là où on trouve des clients », explique Hicham Lachgar, président de l’Anadex Bio.

« Le principal importateur et distributeur de bio au Maroc est Distribio aux côtés de petits circuits », poursuit-il. Créée en 2010, Distribio est « une plateforme de distribution impliquant 1.000 points de vente identifiés par des commerciaux », définit son DG, Slim Kabbaj, également président de CEBio (club des entrepreneurs bio). Ce passionné du bio nous rend compte de la répartition du marché du bio, distribué par les magasins et chaînes de magasin; les grandes surfaces; et les marchés éphémères et producteurs en vente directe.

Les magasins et les chaînes de magasin

De plus en plus d’enseignes spécialisées dans le bio ouvrent leurs portes dans le royaume, témoin d’un engagement grandissant des Marocains pour ce mode de production éthique. Pour le moment, une seule franchise bio marocaine existe, du nom de Green Village (quatre magasins à Casablanca, Rabat et Marrakech). Créée il y a une dizaine d’années par Slim Kabbaj, la franchise française La Vie Claire s’est transformée en Green Village en 2018, pour des raisons économiques et administratives.

« Ce qui a permis d’intégrer beaucoup plus de produits locaux certifiés (produits frais, épicerie sèche), de diversifier l’offre et de baisser les prix car on a une marge en moins », commente le créateur de Green Village. A Casablanca, on trouve d’autres magasins spécialisés tels que Bioshop ou Oumnatur qui vendent des fruits et légumes, des produits laitiers, des jus, des épices, des produits cosmétiques.

 

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A Marrakech, on cite principalement Comptoir paysan, fondé par Houcine Zaoui en septembre 2017. « Les producteurs dans la région sont peu nombreux, à l’inverse de Casablanca ou Rabat », explique le vendeur marrakchi qui commercialise des produits frais, des produits du terroir, qui importe également des produits bio rares tels que des lentilles, des haricots rouges, de la farine de sarrasin.

Distribio collabore également avec des supérettes comme O’Self ou Tropy à Casablanca (CIL), des petites épiceries de quartier, qui vendent des produits conventionnels et des produits bio.

Les grandes surfaces

Les grandes surfaces au Maroc (Marjane, Carrefour, Acima…) présentent en principe un rayon de produits bio pour la plupart manufacturés. « Il y a du bio dans les grandes surfaces mais ces produits ne sont pas mis en valeur, toujours placés dans un petit coin, sans conseil alors que les gens ont besoin de conseil », regrette Slim Kabbaj. Et d’ajouter: « On sent que ce n’est pas une priorité, à l’inverse de la France par exemple où ils investissent beaucoup dans le bio et donc leurs prix deviennent hyper-concurrentiels ».

« Le bio est difficile à gérer, c’est une niche, ainsi il n’y a pas la place pour des centaines de concurrents et il faut faire attention à la triche », poursuit Kabbaj qui rappelle que la vente de produits bio en vrac n’est pas permise par la réglementation marocaine, principalement pour des raisons de traçabilité du produit. En découle la contrainte d’utiliser des packaging recyclables très chers. C’est pourquoi les consommateurs se tournent directement vers les fermes bio et les petits producteurs pour acheter leurs fruits et légumes non conditionnés.

Les fermes et les marchés éphémères

« Les informations sur les producteurs qui vendent du bio se trouvent énormément sur les réseaux sociaux, notamment Facebook », indique Hicham Lachgar, président de l’Anadex bio. La plupart des producteurs vendent des « paniers bio » comprenant fruits et légumes bio, une façon de contourner la réglementation contraignante de l’interdiction de la vente en vrac chez les distributeurs. « Tant que c’est vendu dans la ferme, c’est bon car la ferme est certifiée bio », explique Slim Kabbaj qui assure que le problème du vrac « devrait se régler ».

Dans la région de Casablanca, on peut citer entre autres la ferme de Benslimane d’Abdelkrim Loukili, la ferme bleue à Tamaris, ou encore la ferme pédagogique Jnane Lakbir à Dar Bouazza, tenue par Fettouma Benabdenbi, fondatrice de Terre et Humanisme Maroc.

Par ailleurs, certains producteurs n’ont pas la certification bio mais respectent les principes de l’agro-écologie. Ils n’utilisent aucun intrant chimique mais n’ont pas la certification, faute de subvention ou parce qu’ils ne respectent pas de manière stricte le cahier des charges lié à la réglementation bio.

On peut retrouver des producteurs bio ou agro-écologiques au sein des différents « marchés paysans » hebdomadaires, lancés par le RIAM (Réseau des initiatives agro-écologiques au Maroc) à Casablanca, Rabat, Mohammedia et Marrakech.

« Dès que vous commencez à distribuer, il faut contrôler. Nous sommes dans une phase de transition pour le bio au Maroc. Les processus de contrôle sont très importants pour sécuriser le bio et donner confiance aux consommateurs. Le système est en train de se mettre en place », conclut Slim Kabbaj.