Le mariage de plaisir de Tahar Ben Jelloun nous plonge dans le Maroc des années 50 à aujourd’hui. Il aborde sans langue de bois les problématiques que posent les récents flux migratoires, la survivance de l’esclavage, le racisme banal et ancestral des Marocains à la «peau blanche», ainsi que le racisme nouveau des classes moyennes d’aujourd’hui.

C’est sous la forme d’un roman très vivant, riche en personnages très attachants que Tahar Ben Jelloun expose ce tabou sociétal donnant à ce livre sa force et son originalité ancré dans l’actualité.

Synopsis

Fès, années 50. Amir est un commerçant prospère de la ville. Il est marié et a quatre enfants. Chaque année, il traverse le désert pour aller s’approvisionner au Sénégal. Là-bas, il retrouve une autre femme, une jeune Peule, nommée Nabou.

Amir, bon croyant, afin ne pas vivre dans le pêché, a contracté pour cette union un « mariage de plaisir », reconnu par la religion musulmane. Ainsi, quand ils se retrouvent un mois par an, Dieu ne les regarde pas.

Mais Amir, amoureux de Nabou, ne peut se satisfaire de cette relation à distance. Il rejoint Dakar, traversant le désert pendant plusieurs semaines avec son fils Karim, pour proposer à Nabou de s’installer avec lui au Maroc et de devenir sa deuxième femme.

Nabou accepte, épouse Amir et donne naissance à des jumeaux, l’un blanc, l’autre noir. Malgré la bonté de son mari, le sort qui attend Nabou à Fès est plus dur qu’elle ne l’imaginait: reléguée au rang de domestique, elle est victime d’un racisme incessant et subit la terrible jalousie de la première épouse (blanche) d’Amir.

Quarante ans plus tard, les jumeaux, devenus adultes, ont suivi des chemins très différents. Le blanc est parfaitement intégré. Le noir vit très mal sa condition de blanc à la peau noire. Pris dans une rafle dans les quartiers noirs de Tanger, il se retrouve, en dépit de sa nationalité marocaine, renvoyé à Dakar avec des sans-papiers…