La chronique de Faty Bradshaw : « Ma famille d’abord »

 

Tantes, oncles, cousines, nous avons tous les mêmes familles. D’ailleurs on peut facilement dresser un portrait caricatural de chaque membre de notre clan. Surtout celui de ceux qui nous ennuient le plus…

Ma préférée reste sans aucun doute la tante à l’ego surdimensionné. Son passe-temps favori ? S’épancher sur la magnificence de sa progéniture. Son fils va bientôt être avocat, son autre a eu son bac avec mention « très bien tbarkellah khemssa ou khmiss », sa fille va épouser un riche héritier… Bref, ses enfants sont au summum de l’échelle humaine. D’ailleurs, ils sont certainement la référence dont votre mère se sert à chaque fois qu’elle veut vous rappeler votre triste sort : « ta cousine, elle, a déjà un fiancé et ils vont bientôt se marier ». Pourquoi je préfère cette tante ? Parce que moi je sais que son fils a un très fort penchant pour l’alcool, que le bachelier veut secrètement devenir artiste et que sa fille chérie n’est en fait qu’une croqueuse de diamants…

Le second est le cousin parfait, celui que tout le monde adore parce qu’il est super intelligent, qu’il parle au moins cinq langues, qu’il termine toujours son assiette, qu’il est super poli et qu’il a le compliment facile. Mais ce que la famille semble ignorer, c’est qu’il est surtout super ennuyant et complètement hypocrite. Tout le monde sait que le tagine de khalti Touria est brûlé mais lui trouve quand même le moyen de se lécher les babines tout en louant ses talents de cuisinière.

La troisième est la tante briseuse d’ego. Sa spécialité ? Pointer du doigt tous vos défauts : « tu as grossi ma chérie ! Tu devrais faire du sport tous les jours » ou encore « tu as l’air très fatiguée, regarde moi ce teint si terne ». Elle ne sait pas filtrer ses paroles et semble même y prendre un malin plaisir. Votre réaction ? Vous la regardez de haut en bas, soit de ses claquettes en plastique à son fichu mal noué et vous souriez.

Il y a aussi l’oncle, celui qui ne sert à rien. Ou plutôt qui ne sait que donner son avis sur tout et surtout sans qu’on lui demande. Ses paroles sont vides mais son débit de paroles est des plus rapides. Il saute d’un sujet à l’autre sans transition et sans logique, ce qui lui importe c’est de s’accaparer la conversation pour faire étalage de son « savoir ».

Et je garde le meilleur pour la fin : la danseuse attitrée. Celle qui se prend pour Shakira et qui ne manque aucune occasion pour se déhancher de manière aussi vulgaire que grotesque. Mariage, baptême, déjeuné en famille, rien n’y échappe. Sauf peut-être les funérailles mais qui sait ? Ladite cousine, contrairement à vous, n’attends pas de se faire supplier pour se lever et offrir son déhanché.

Et vous ? Vous êtes là, obligée à assister aux réunions familiales, à vous demander comment autant de pathologies peuvent se fréquenter dans un seul et même espace sans « dérapages ». Et surtout, vous vous demandez à quelle heure vous pourrez rentrer vous caler chez vous retrouver votre chat en toute quiétude.