Témoignages. Marocaines, libres, elles voyagent seules et elles adorent !

Elles sont marocaines, âgés de 24 à 43 ans et sont adeptes du voyage solitaire. Assoiffées d’aventure et en quête d’introspection, elles n’hésitent pas à se lancer à la découverte de nouvelles contrées pour découvrir le monde et se découvrir elles-mêmes. Voici sept témoignages de baroudeuses aguerries.

 

Le choc des cultures, la solitude, la perte de repères et les risques peuvent décourager plus d’une à se lancer dans le voyage en solitaire. Pas elles. Elles, elles ont envoyé valser leurs peurs, les contraintes liées à l’emploi du temps, défiant les regards des autres et confronté leur proches avec pour seul compagnon leur sac-à dos.

Aidées par Internet et notamment par le groupe Les voyageuses, elles sont parties à l’autre bout du monde… Toutes seules. Animées par une folle envie d’évasion et de découvertes, elles ont vécu des moments incroyables et sont revenues transformées. Elles nous racontent leurs expériences.

 

Ibtissame « Betty » Lachgar, 43 ans, psychologue clinicienne et militante féministe

Dès mon plus jeune âge j’ai eu la chance de voyager avec mes parents et en famille. C’était super mais je rêvais dès l’adolescence de voyager seule. Je rêvais d’indépendance et de liberté. D’aller à la rencontre des autres, tout aussi bien à leur découverte qu’aux découvertes des différentes « cultures », découvertes des paysages, des langues, découvertes culinaires. J’ai commencé par faire des sorties et des excursions seule lorsqu’on voyageait en famille. Mon premier voyage solo, c’était l’été de mes 16 ans pour Montréal. Et à l’obtention de mon bac, je n’ai pas choisi l’avion pour aller à Paris m’installer pour mes études mais 3 jours de bus. L’aventure et les voyages à la «roots» depuis ne me quittent plus.

Aujourd’hui, je suis « backpacker » à temps plein. Je voyage surtout dans toute l’Europe. Mais pas seulement. Je voyageais déjà énormément surtout pour le plaisir. Même sur un coup de tête comme en 2004, un voyage en Floride avec mon premier salaire à Paris. Depuis que je suis militante quasi à temps plein, j’allie voyage personnel et voyage militant à la rencontre des autres et pour participer à des activités. Cela peut être dans le cadre d’une conférence, d’un festival mais aussi à la rencontre d’associations. La durée est variable. Un mois à Amsterdam pour une formation sur les droits reproductifs des femmes, une semaine en Egypte en 2011 lors de la révolution, Un mois au Monténégro pour l’écriture de mon livre, une semaine dans le désert Jordanien pour une « retraite » avec des activistes de différents pays ou encore 6 semaines à Montréal.

 

Tout le monde m’encourage et me soutient. Mais beaucoup s’inquiètent, pour des raisons de sécurité. D’autant que pour des raisons de budget, je voyage souvent de nuit en vols low cost ou en bus. Mais depuis le temps… Je suis habituée et ne crains jamais rien. Mais je peux comprendre les inquiétudes que cela peut engendrer.

 

Tous mes voyages sont d’agréables découvertes. Je me sens très bien partout. Je suis comme je le dis souvent une citoyenne du monde et je le ressens profondément. Je me sens chez moi ou que j’aille et de suite. Les auberges de jeunesse (même si je ne suis plus très jeune) permettent aussi des rencontres inattendues et formidables. Les balades, les visites et la culture sont mon dada. Sans ne jamais oublier d’aller à des manifestations ou de faire des actions militantes. Allier l’utile à l’agréable.

 

Je ne m’ennuie jamais ! J’apprécie presque tout dans mes voyages et je ne peux changer de façon de vivre en étant sédentaire. Je suis une « saltimbanque » et je l’assume. Ce que j’apprécie le plus, au delà de mon engagement militant pour différentes causes lors de ces voyages, c’est la vue que l’on peut avoir de certains lieux époustouflants. Et ça, c’est mon bol d’air. Surtout si on est face à l’océan ou à la mer. Ce que je déteste ce sont les horaires des low-costs surtout lorsqu’il faut passer la nuit à l’aéroport. Mais sérieusement, cela en vaut largement la peine.

 

Voyager seule lorsqu’il y a possibilité bien sûr (nous connaissons les problèmes des visas, d’ailleurs celui de Grande Bretagne a été très difficile à obtenir malgré les nombreux voyages et visas diverses), voyager seule en tant que femme participe à ma lutte contre les stéréotypes sexistes et fait gagner en autonomie et en émancipation. Et comme le dit le vieil adage « la peur n’évite pas le danger »… Et le danger est partout.

Kenza Benabdejlil, 24 ans, Consultante en systèmes d’informations

En juin 2018, j’ai voyagé en Russie toute seule pour soutenir l’équipe nationale lors de la coupe du monde. C’était mon premier voyage toute seule, ma première fois à l’étranger, ma première fois dans un avion, ma première fois dans un stade de foot et mon premier congé depuis que j’ai commencé à travailler. Donc c’était beaucoup de premières fois pour une toute première fois! Ah oui, et c’était aussi ma première fois dans un commissariat…

Flashback. Un beau matin, en rentrant au bureau, je vois tous mes collègues occupés à s’inscrire sur le site de la FIFA, moi qui n’étais même pas au courant qu’il y avait une coupe du monde en juin ni qu’elle allait se jouer en Russie et surtout pas que le Maroc allait y participer… J’ai demandé alors à un collègue de m’inscrire et quelques mois après, mon nom a été tiré au sort. La chance des débutants. J’ai donc pu acheter les billets des matchs et décidé de vivre l’aventure qui allait durer 20 jours.

Et je dois vous avouer qu’avec mes parents, cela n’a pas été facile. Dans leurs têtes, Russie = mafias. Mais puisque je ne pouvais plus faire marche arrière, ils ont fini par accepter…

Ces 20 jours étaient les plus beaux jours de ma vie. J’ai visité Saint-Pétersbourg, Moscou et Kaliningrad. Entre les matchs de foot, les chants, cette ambiance de folie, toutes ces nuits à faire la fête avec des personnes issues de toutes les nationalités, et la beauté d’un pays riche en histoire et en paysages… C’était magnifique. J’ai fait de nouvelles rencontres, tissé de belles amitiés aussi bien avec des Marocains qu’avec des étrangers. A aucun moment je ne me suis sentie seule. Je me souviendrais toujours d’Anastasia, une adorable Russe qui m’a montré à quel point son pays est accueillant et généreux. Elle passait me chercher chaque jour à l’hôtel pour me faire visiter la ville et le premier monument qu’elle m’a fait découvrir était la mosquée de Moscou alors qu’elle était catholique. Dans la même auberge où j’étais installée à Moscou, j’ai rencontré une Arménienne avec laquelle je suis devenue amie et que j’attends prochainement au Maroc.

Parmi les choses qui m’ont vraiment impressionnées, c’était l’union des Marocains. Je n’ai jamais vu les Marocains aussi soudés comme ils l’étaient en Russie. Ils ont fait preuve de beaucoup de civisme et d’un grand esprit de patriotisme.

Je n’oublierai jamais l’après-match contre l’Iran. J’étais dans le métro avec un groupe de marocains. On avait tous les larmes aux yeux, nos visages dégageaient beaucoup de déception et d’amertume. Un Iranien se dirige vers nous et nous dit d’un air surpris : «Waouh ! Vous êtes un peuple très civilisé, j’imaginais qu’à la fin du match vous alliez venir nous tabasser car vous avez perdu». On ne s’était jamais sentis aussi marocains comme ce jour-là.

Tout était trop beau jusqu’à la fin de mon voyage… Le jour de mon retour, j’avais deux avions à prendre, un premier de Kaliningrad à Moscou et un deuxième de Moscou à Fès, et comme le premier a fait un retard de plus de deux heures, j’ai donc raté mon deuxième avion. Je me suis retrouvée seule dans l’aéroport avec deux autres marocains. La seule solution était d’acheter un nouveau billet. Moi qui n’avais plus d’argent, j’ai commencé à pleurer et à paniquer car que je n’avais pas envie de demander de l’aide auprès de mes parents de peur qu’ils ne me laissent plus voyager toute seule. Et c’est là que Hicham, un des deux marocains qui avait le même problème, m’a avancé 500 euros pour que j’achète un nouveau billet. Il m’a fait confiance alors qu’il connaissait à peine mon prénom. Une fois à Casa, je l’ai évidemment remboursé. Mais ce geste me marquera à vie !

Ah oui, je vous disais que c’était aussi ma première fois dans un commissariat! C’était à l’aéroport pour porter plainte contre la compagnie aérienne qui était responsable du retard de mon vol. L’expérience n’était pas si désagréable puisque j’en ai profité pour prendre des photos avec les flics Russes…

La plus belle chose dans toute mon histoire n’est pas la Russie en tant que pays, ni l’ambiance de la coupe du monde mais c’est surtout le fait de voyager toute seule. Ce voyage a été pour moi une grande école qui m’a permis de sortir de ma zone de confort, d’apprendre à me débrouiller, de tester mon autonomie et surtout d’aller vers les autres. Cela m’a également permis de forger ma personnalité, de mieux me connaitre, de réévaluer ma vision de la vie et surtout de retracer ma liste de rêves. Et si c’était à refaire? Je le referais sans aucun doute !

 

Asmaa Wakine, 30 ans, employée dans le département export d’une société au Sud du Brésil

Je voyage parfois seule, tout simplement par ce qu’il est difficile de trouver un compagnon de voyage qui a les mêmes goûts, la même période de congés et les mêmes intérêts pour certaines destinations. Ou alors parce j’ai vraiment envie de me déconnecter du monde que je connais.

J’ai voyagé plusieurs fois seule en Afrique subsaharienne surtout, une destination qui n’est pas très prisée par les Marocains en général. C’est difficile de convaincre ton amie qui a envie de passer des vacances à Marbella ou en côte d’Azur de te suivre au fin fond de la jungle! Exceptée l’Afrique, j’ai fait la Malaisie, le Liban, la Turquie et le nord du Brésil seule aussi. La durée de mes voyages varie entre une semaine et un mois.

Mon premier voyage solo était en 2009. J’avais 21 ans. Je suis allée au Sénégal pendant un mois. Mon père n’était pas d’accord mais j’ai pu le convaincre car depuis toute petite j’ai toujours été fascinée par notre beau continent ! il a fini par céder après de longues journées de négociations… « Convaincre ton père pour aller au Sénégal à cette époque et seule est un vrai un miracle », me disait-on. Aujourd’hui, les choses ont beaucoup évolué, parcourir le monde est devenue ma spécialité.

Mes voyages se sont généralement bien passés, que ce soit au Sénégal ou ailleurs. Je passe mes journées à découvrir la ville et je suis mon instinct pour nouer des amitiés avec d’autres voyageurs ou bien les locaux car être en interaction avec les habitants et l’une des meilleures manières pour s’immerger dans la culture d’un pays.

Il m’est arrivé de rencontrer des problèmes lors de mes voyages mais rien d’alarmant. Je reste toujours vigilante et j’évite de sortir très tard le soir.

Ce que j’aime le plus dans les voyages solo, c’est ce sentiment de liberté qui nous submerge, le plaisir de faire le tout à son rythme, d’être en paix avec soi-même. Il faut l’essayer pour le comprendre.

Mais voyager seul a ses bémols… Je regrette parfois de ne pas pouvoir partager ma joie avec une personne, ne pas pouvoir pratiquer des activités qui ne se font qu’en groupe. Ah oui, et aussi le fait qu’il n’y ait personne pour me prendre en photo ! Alors je fais le plein de selfies et je les publie sur Instagram. Une façon pour moi de partager mon bonheur avec les autres.

Au final, si vous me demandez ce que je préfère, je dirais le voyage en groupe! Ceci dit, j’encourage toutes les filles à voyager seule au moins une fois dans leur vie. Voyager seul c’est un peu comme un saut en parachute, au début on a peur mais une fois dedans c’est du pur bonheur !

 

 

Hajar Benlaadar, 27 ans, chercheuse à l’Université Hassan le 1er et auto-entrepreneur

J’ai commencé à voyager toute seule à l’âge de 18 ans au Maroc. J’avais soif d’aventures. Moi qui étais habituée aux voyages en famille, j’avais besoin d’air frais pour m’aérer l’esprit.

Mon envie de voyager, ma curiosité, mon besoin de voir ce qui se passe dans le monde, de comprendre comment les autres vivent leurs journées, était un petit rêve que je gardais pour moi. J’étais malheureusement obligée d’attendre la fin de mon cursus d’ingénierie si prenant (900 heures/an) pour pouvoir enfin exaucer mon vœu.

Une semaine après ma soutenance, l’opportunité s’est présentée à moi : six semaines de bénévolat en Indonésie dans le cadre d’un programme assuré par AIESEC. Au bout de ma 5ème semaine, j’ai décidé de prolonger mon voyage et changer la date du billet de retour. En sac à dos, je suis partie à la découverte d’autres pays en Asie. Mon itinéraire se faisait suivant les recommandations des voyageurs que je rencontrais sur mon trajet. C’était un voyage spontané, j’en garde de beaux souvenirs.

Ce premier petit tour en Asie n’était que le début… La suite m’a procurée un grand épanouissement aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Je ne me voyais pas m’installer dans la routine en occupant un job fixe. En étudiant mes options, j’ai dû faire un virage dans ma carrière et me diriger vers le travail en freelance.

Se lancer en solo est une aventure incroyable. En faisant mes bagages, je me rends compte que je suis seule, mais en faisant la queue lors de mes déplacements, je me retrouve en famille. Tous ces voyageurs que je côtoie ont chacun une histoire, un rêve et des ambitions. Ce qui est formidable, c’est que j’ai des maisons dans les quatre coins du monde !

J’ai visité 30 pays durant 3 ans et demi. Des problèmes ? J’en ai eus ! Carte bancaire bloquée en Corée du sud, débarquer aux Philippines dans une auberge ayant fait l’objet d’un vol à 3h du matin, et me retrouver suspect numéro 1 le lendemain, me retrouver avec un billet d’avion dont la date a été décalée d’un mois, sans le sou… sont quelques uns des ennuis auxquels j’ai dû faire face mais aujourd’hui, ce ne sont que de bons souvenirs pour moi. Je suis fière d’avoir vécu tout cela car je suis désormais plus forte.

Ces petits voyages que j’effectue une fois par mois, ou tous les trois mois, m’ont faire comprendre que le monde est connecté d’une façon magique de par l’histoire de chaque pays, sa gastronomie, ses traditions, etc. Désormais, je ne rentre pas d’un voyage avant de planifier le(s) suivant(s) ! C’est devenu un rituel. Chaque séjour a un thème particulier. Parfois c’est purement touristique et je m’amuse comme une touriste, parfois c’est un voyage gastronomique, parfois encore une immersion pendant 2 ou 3 mois chez les habitants. Il m’arrive aussi de rendre visite à des ami(e)s et de me laisser embarquer dans leurs plans, ou de voyager dans le cadre de mon travail ou de mes études. Bref, je m’éclate et ce n’est pas prêt de s’arrêter !

 

Salma Baghdadi, 26 ans, responsable de communication dans un consortium de recherche en Italie

J’ai voyagé en solo en Indonésie (Jakarta et Bali – 2 semaines), Portugal (Cascais – 2 jours), Italie (Rome, Naples et Positano – 5 jours, Bologne – 2 jours), Grèce (Athens – 3 jours), Bulgarie (Sofia – 3 jours), Serbie (Belgrade), Croatie (Zadar et Zagreb – 4 jours), Albanie (Tirana, Dures et Shkodra – 5 jours), Allemagne (Munich – 2 jours).

J’aime bien explorer les pays en tant que voyageuse, et non pas comme une touriste. Voyager seule est un stage d’indépendance par excellence. Ce qui m’a toujours poussé à découvrir de nouveaux pays seule est l’envie d’explorer mes limites, de me mettre complètement hors de ma zone de confort, d’être totalement dépendante de moi-même et libre.

Tout commence par la curiosité envers une culture spécifique. Par la suite, je choisis la destination (ville/village/montagne/lac, etc), j’achète le billet d’avion, j’essaie de trouver un logement convenable, c’est à dire un endroit propre et sécurité (pas de luxe), et partir.

C’est à moi d’organiser le voyage de A à Z, de trouver les moyens de transport convenables, de veiller à ma sécurité, de rester dans les quartiers sûrs de la ville, de faire le pas d’interagir avec les habitants. Lorsque je voyage seule, je découvre une nouvelle culture, j’essaie de la comprendre et la vivre.

Pour moi, c’est le meilleur moyen d’être vraiment une personne ouverte d’esprit qui respecte les différences d’autrui. Certaines personnes de mon entourage ne comprennent toujours pas comment on puisse voyager seule, car elles l’associent à l’ennui et l’inconfort. Elles ignorent combien on gagne en expérience et comment notre personnalité évolue à chaque voyage !

Meryem Hamdi, 29 ans, directrice de production publicité

J’ai fait le tour d’Europe en sac à dos avec une copine il y’a quelques années, un tour aussi en Asie de quelques mois avec ma meilleure amie ; puis des voyages par ci par là avec des amies toujours en sac à dos. Et puis j’ai décidé de réitérer l’expérience, seule cette fois-ci.

En juin 2018, j’ai déposé ma démission et je suis partie en Amérique latine pour quelques mois. Je suis allée d’abord en Argentine à Buenos Aires puis j’ai pris l’avion pour Ushuaia et à partir de là, j’ai pris le bus et j’ai fait le sud de l’Argentine, Chili, Bolivie, Pérou et Equateur.

J’étais censée rester 7 mois, mais j’ai dû écourter mon séjour pour assister au mariage de mon grand frère et parce que j’ai eu une mésaventure. On m’a volé toutes mes affaires au nord du Pérou ! A mon retour, ma famille me gronde et me conseille de me «trouver un mari» au lieu de «chercher à découvrir le monde»…

Mais au final, je n’ai pas été déçue, bien au contraire. Mon voyage m’a permis de faire des rencontres magnifiques, et avant tout de me découvrir moi-même. J’ai fait tout ce que je voulais faire. Le voyage aide à ouvrir l’esprit et à voir les choses différemment. Nous avons tendance à nous attacher aux choses matérielles alors qu’en réalité, il en faut peu pour être heureux. On apprend et on découvre d’autres cultures. On apprend le respect de l’autre et le partage. J’ai beaucoup dormi chez des gens via l’application Couching, ce qui m’a permis de rencontrer des locaux.

Ce que j’ai le plus aimé durant mes voyages en solitaire, ce sont mes rencontres, les paysages à couper le souffle, ma connexion avec la nature en Pantagonie, une des plus belles régions du monde. Il n’y a vraiment rien que je n’ai pas aimé car je prends toute mes expériences positivement. Même le faire qu’on m’ait volé toutes mes affaires me fait finalement une bonne anecdote à raconter ! Quand on voyage, on doit être mentalement préparé à vivre l’aventure avec tout ce qu’elle comporte, ses belles et ses mauvaises surprises.

Après mon voyage, j’ai décidé de travailler en freelance pour être libre. Je préfère gagner moins d’argent et consacrer plus de temps à faire les choses que j’aime. Je préfère en effet mettre de l’argent de côté pour un beau grand voyage que pour du maquillage, des habits ou des meubles… Je crois qu’il est très important de garder son âme et son temps. Je repars en septembre encore vers l’Asie. Je pense que je suis une amoureuse du voyage et je ne m’arrêterai jamais !

Sara Ayare, 30 ans, agent d’escale

Voilà 5 ans de voyage en solo, presque 4 par an. Ma passion pour le voyage est née le jour où j’ai intégré une compagnie aérienne en tant qu’agent d’escale au sol. J’y ai rencontré des personnes issues de toutes les nationalités. Elles partageaient avec moi leurs histoires et leurs escapades… J’ai donc rapidement pris goût au voyage ! Après un an de travail, j’ai décidé de me lancer à mon tour et d’avoir ma première expérience hors « bled ». N’ayant pas trouvé de la compagnie, une question m’est passée par l’esprit: « Ai-je bien besoin de quelqu’un pour faire ce trip? » Réponse immédiate: «non».

Sur un coup de tête, j’ai choisi ma destination, les dates, j’ai pris mes billets, j’ai fait mon petit sac. J-1, j’informe mes parents, eux qui ne m’autorisaient même pas à faire un voyage avec des copines à Kech’, étaient ce jour-là devant le fait accompli ! Bizarrement, aucune contestation n’a été exprimée, enfin pas devant moi… Dimanche 1er Juin 2014, impossible d’oublier ce jour-là. C’était mon premier vol. Heureuse, paniquée, stressée… Impossible de manger quoi que ce soit. J’arrive à Istanbul à 1h du matin, et c’est là où tout a commencé. Quand je suis sortie de l’aéroport, j’ai regardé à gauche et à droite et je me suis dis « Mais qu’est-ce que tu fous là! ». Une semaine en solo sans programme, juste la volonté de découvrir cette immense ville. Je n’hésitais pas à demander des renseignements à la réception, j’arrêtais les passants pour m’aider à trouver le chemin…

Une semaine passée où j’étais libre de faire ce que je veux, quand je veux ; une semaine où je n’étais pas pressée ; une semaine de prises de décision rapides; une semaine où j’ai appris à me découvrir, où j’ai terminé mon roman que j’essayais de finir depuis des mois ; une semaine où je contemplais les gens, et je savourais l’instant présent. A ce moment-là, j’ai su que le voyage en solo allait devenir ma passion.

Quelques mois après, je décide de faire un nouveau trip: Barcelone-Lisbonne-Paris en deux semaines et encore une fois, je savais que je ne voulais pas attendre que quelqu’un se libère pour venir avec moi. Je suis partie toute seule. A Barcelone, j’ai tenté le Couchsurfing. Après un bref échange sur Facebook avec une personne, celle-ci décide de me laisser son appartement pour six jours. Je me disais que c’était fini pour moi, que c’était la mafia espagnole, mais malgré tout j’ai foncé et heureusement, il ne m’est rien arrivé.

Depuis, et à chaque fois que je rentrais d’un trip, je me sentais déjà assoiffée de voyage. Je cherchais les bons plans, les destinations les moins fréquentées, les moins chères, et surtout, les plus sûres pour une voyageuse. Je suis devenue tout simplement accro ! J’ai laissé derrière moi les rêves matérialistes, comme avoir une belle voiture, une maison, ou un « weld nass » pour me marier… Je ne cherchais plus qu’à partir loin et me déconnecter.

Istanbul, Capadokya, Fethiye, Paris, Barcelone, Lisboa, Porto, Nice, Cannes, Monaco, Madrid, Séville, Mallorca, Napoli, Capri, Malta, Budapest, Vienne, Bratislava, Cracovie, Prague… Toutes ces villes ont laissé une trace dans mon coeur, mais la destination qui m’a le plus marquée est Reykjavik, la capitale de l’Islande. Une nature vierge et sauvage, j’en ai eu plein les yeux là-bas !

14 Pays, plus de 22 villes, en 4 ans, et ce n’est que le début. Tellement de pays sur ma bucket list que j’ai envie d’exploiter et toujours… toute seule.