Non classé

Témoignages. Marocaines, libres, elles voyagent seules et elles adorent !

Note : Ce site est Ă©quipĂ© d’un lecteur vocal pour les articles. SĂ©lectionnez le texte que vous souhaitez Ă©couter et profitez de la version audio.

Elles sont marocaines, ĂągĂ©s de 24 Ă  43 ans et sont adeptes du voyage solitaire. AssoiffĂ©es d’aventure et en quĂȘte d’introspection, elles n’hĂ©sitent pas Ă  se lancer Ă  la dĂ©couverte de nouvelles contrĂ©es pour dĂ©couvrir le monde et se dĂ©couvrir elles-mĂȘmes. Voici sept tĂ©moignages de baroudeuses aguerries.

 

Le choc des cultures, la solitude, la perte de repĂšres et les risques peuvent dĂ©courager plus d’une Ă  se lancer dans le voyage en solitaire. Pas elles. Elles, elles ont envoyĂ© valser leurs peurs, les contraintes liĂ©es Ă  l’emploi du temps, dĂ©fiant les regards des autres et confrontĂ© leur proches avec pour seul compagnon leur sac-Ă  dos.

AidĂ©es par Internet et notamment par le groupe Les voyageuses, elles sont parties Ă  l’autre bout du monde
 Toutes seules. AnimĂ©es par une folle envie d’évasion et de dĂ©couvertes, elles ont vĂ©cu des moments incroyables et sont revenues transformĂ©es. Elles nous racontent leurs expĂ©riences.

 

Ibtissame « Betty » Lachgar, 43 ans, psychologue clinicienne et militante féministe

DĂšs mon plus jeune Ăąge j’ai eu la chance de voyager avec mes parents et en famille. C’Ă©tait super mais je rĂȘvais dĂšs l’adolescence de voyager seule. Je rĂȘvais d’indĂ©pendance et de libertĂ©. D’aller Ă  la rencontre des autres, tout aussi bien Ă  leur dĂ©couverte qu’aux dĂ©couvertes des diffĂ©rentes « cultures », dĂ©couvertes des paysages, des langues, dĂ©couvertes culinaires. J’ai commencĂ© par faire des sorties et des excursions seule lorsqu’on voyageait en famille. Mon premier voyage solo, c’Ă©tait l’Ă©tĂ© de mes 16 ans pour MontrĂ©al. Et Ă  l’obtention de mon bac, je n’ai pas choisi l’avion pour aller Ă  Paris m’installer pour mes Ă©tudes mais 3 jours de bus. L’aventure et les voyages Ă  la «roots» depuis ne me quittent plus.

Aujourd’hui, je suis « backpacker » Ă  temps plein. Je voyage surtout dans toute l’Europe. Mais pas seulement. Je voyageais dĂ©jĂ  Ă©normĂ©ment surtout pour le plaisir. MĂȘme sur un coup de tĂȘte comme en 2004, un voyage en Floride avec mon premier salaire Ă  Paris. Depuis que je suis militante quasi Ă  temps plein, j’allie voyage personnel et voyage militant Ă  la rencontre des autres et pour participer Ă  des activitĂ©s. Cela peut ĂȘtre dans le cadre d’une confĂ©rence, d’un festival mais aussi Ă  la rencontre d’associations. La durĂ©e est variable. Un mois Ă  Amsterdam pour une formation sur les droits reproductifs des femmes, une semaine en Egypte en 2011 lors de la rĂ©volution, Un mois au MontĂ©nĂ©gro pour l’Ă©criture de mon livre, une semaine dans le dĂ©sert Jordanien pour une « retraite » avec des activistes de diffĂ©rents pays ou encore 6 semaines Ă  MontrĂ©al.

 

Tout le monde m’encourage et me soutient. Mais beaucoup s’inquiĂštent, pour des raisons de sĂ©curitĂ©. D’autant que pour des raisons de budget, je voyage souvent de nuit en vols low cost ou en bus. Mais depuis le temps… Je suis habituĂ©e et ne crains jamais rien. Mais je peux comprendre les inquiĂ©tudes que cela peut engendrer.

 

Tous mes voyages sont d’agrĂ©ables dĂ©couvertes. Je me sens trĂšs bien partout. Je suis comme je le dis souvent une citoyenne du monde et je le ressens profondĂ©ment. Je me sens chez moi ou que j’aille et de suite. Les auberges de jeunesse (mĂȘme si je ne suis plus trĂšs jeune) permettent aussi des rencontres inattendues et formidables. Les balades, les visites et la culture sont mon dada. Sans ne jamais oublier d’aller Ă  des manifestations ou de faire des actions militantes. Allier l’utile Ă  l’agrĂ©able.

 

Je ne m’ennuie jamais ! J’apprĂ©cie presque tout dans mes voyages et je ne peux changer de façon de vivre en Ă©tant sĂ©dentaire. Je suis une « saltimbanque » et je l’assume. Ce que j’apprĂ©cie le plus, au delĂ  de mon engagement militant pour diffĂ©rentes causes lors de ces voyages, c’est la vue que l’on peut avoir de certains lieux Ă©poustouflants. Et ça, c’est mon bol d’air. Surtout si on est face Ă  l’ocĂ©an ou Ă  la mer. Ce que je dĂ©teste ce sont les horaires des low-costs surtout lorsqu’il faut passer la nuit Ă  l’aĂ©roport. Mais sĂ©rieusement, cela en vaut largement la peine.

 

Voyager seule lorsqu’il y a possibilitĂ© bien sĂ»r (nous connaissons les problĂšmes des visas, d’ailleurs celui de Grande Bretagne a Ă©tĂ© trĂšs difficile Ă  obtenir malgrĂ© les nombreux voyages et visas diverses), voyager seule en tant que femme participe Ă  ma lutte contre les stĂ©rĂ©otypes sexistes et fait gagner en autonomie et en Ă©mancipation. Et comme le dit le vieil adage « la peur n’Ă©vite pas le danger »… Et le danger est partout.

Kenza Benabdejlil, 24 ans, Consultante en systùmes d’informations

En juin 2018, j’ai voyagĂ© en Russie toute seule pour soutenir l’équipe nationale lors de la coupe du monde. C’était mon premier voyage toute seule, ma premiĂšre fois Ă  l’étranger, ma premiĂšre fois dans un avion, ma premiĂšre fois dans un stade de foot et mon premier congĂ© depuis que j’ai commencĂ© Ă  travailler. Donc c’était beaucoup de premiĂšres fois pour une toute premiĂšre fois! Ah oui, et c’était aussi ma premiĂšre fois dans un commissariat


Flashback. Un beau matin, en rentrant au bureau, je vois tous mes collĂšgues occupĂ©s Ă  s’inscrire sur le site de la FIFA, moi qui n’étais mĂȘme pas au courant qu’il y avait une coupe du monde en juin ni qu’elle allait se jouer en Russie et surtout pas que le Maroc allait y participer
 J’ai demandĂ© alors Ă  un collĂšgue de m’inscrire et quelques mois aprĂšs, mon nom a Ă©tĂ© tirĂ© au sort. La chance des dĂ©butants. J’ai donc pu acheter les billets des matchs et dĂ©cidĂ© de vivre l’aventure qui allait durer 20 jours.

Et je dois vous avouer qu’avec mes parents, cela n’a pas Ă©tĂ© facile. Dans leurs tĂȘtes, Russie = mafias. Mais puisque je ne pouvais plus faire marche arriĂšre, ils ont fini par accepter


Ces 20 jours Ă©taient les plus beaux jours de ma vie. J’ai visitĂ© Saint-PĂ©tersbourg, Moscou et Kaliningrad. Entre les matchs de foot, les chants, cette ambiance de folie, toutes ces nuits Ă  faire la fĂȘte avec des personnes issues de toutes les nationalitĂ©s, et la beautĂ© d’un pays riche en histoire et en paysages… C’Ă©tait magnifique. J’ai fait de nouvelles rencontres, tissĂ© de belles amitiĂ©s aussi bien avec des Marocains qu’avec des Ă©trangers. A aucun moment je ne me suis sentie seule. Je me souviendrais toujours d’Anastasia, une adorable Russe qui m’a montrĂ© Ă  quel point son pays est accueillant et gĂ©nĂ©reux. Elle passait me chercher chaque jour Ă  l’hĂŽtel pour me faire visiter la ville et le premier monument qu’elle m’a fait dĂ©couvrir Ă©tait la mosquĂ©e de Moscou alors qu’elle Ă©tait catholique. Dans la mĂȘme auberge oĂč j’étais installĂ©e Ă  Moscou, j’ai rencontrĂ© une ArmĂ©nienne avec laquelle je suis devenue amie et que j’attends prochainement au Maroc.

Parmi les choses qui m’ont vraiment impressionnĂ©es, c’était l’union des Marocains. Je n’ai jamais vu les Marocains aussi soudĂ©s comme ils l’étaient en Russie. Ils ont fait preuve de beaucoup de civisme et d’un grand esprit de patriotisme.

Je n’oublierai jamais l’aprĂšs-match contre l’Iran. J’étais dans le mĂ©tro avec un groupe de marocains. On avait tous les larmes aux yeux, nos visages dĂ©gageaient beaucoup de dĂ©ception et d’amertume. Un Iranien se dirige vers nous et nous dit d’un air surpris : «Waouh ! Vous ĂȘtes un peuple trĂšs civilisĂ©, j’imaginais qu’à la fin du match vous alliez venir nous tabasser car vous avez perdu». On ne s’était jamais sentis aussi marocains comme ce jour-lĂ .

Tout Ă©tait trop beau jusqu’à la fin de mon voyage
 Le jour de mon retour, j’avais deux avions Ă  prendre, un premier de Kaliningrad Ă  Moscou et un deuxiĂšme de Moscou Ă  FĂšs, et comme le premier a fait un retard de plus de deux heures, j’ai donc ratĂ© mon deuxiĂšme avion. Je me suis retrouvĂ©e seule dans l’aĂ©roport avec deux autres marocains. La seule solution Ă©tait d’acheter un nouveau billet. Moi qui n’avais plus d’argent, j’ai commencĂ© Ă  pleurer et Ă  paniquer car que je n’avais pas envie de demander de l’aide auprĂšs de mes parents de peur qu’ils ne me laissent plus voyager toute seule. Et c’est lĂ  que Hicham, un des deux marocains qui avait le mĂȘme problĂšme, m’a avancĂ© 500 euros pour que j’achĂšte un nouveau billet. Il m’a fait confiance alors qu’il connaissait Ă  peine mon prĂ©nom. Une fois Ă  Casa, je l’ai Ă©videmment remboursĂ©. Mais ce geste me marquera Ă  vie !

Ah oui, je vous disais que c’était aussi ma premiĂšre fois dans un commissariat! C’était Ă  l’aĂ©roport pour porter plainte contre la compagnie aĂ©rienne qui Ă©tait responsable du retard de mon vol. L’expĂ©rience n’était pas si dĂ©sagrĂ©able puisque j’en ai profitĂ© pour prendre des photos avec les flics Russes


La plus belle chose dans toute mon histoire n’est pas la Russie en tant que pays, ni l’ambiance de la coupe du monde mais c’est surtout le fait de voyager toute seule. Ce voyage a Ă©tĂ© pour moi une grande Ă©cole qui m’a permis de sortir de ma zone de confort, d’apprendre Ă  me dĂ©brouiller, de tester mon autonomie et surtout d’aller vers les autres. Cela m’a Ă©galement permis de forger ma personnalitĂ©, de mieux me connaitre, de réévaluer ma vision de la vie et surtout de retracer ma liste de rĂȘves. Et si c’était Ă  refaire? Je le referais sans aucun doute !

 

Asmaa Wakine, 30 ans, employĂ©e dans le dĂ©partement export d’une sociĂ©tĂ© au Sud du BrĂ©sil

Je voyage parfois seule, tout simplement par ce qu’il est difficile de trouver un compagnon de voyage qui a les mĂȘmes goĂ»ts, la mĂȘme pĂ©riode de congĂ©s et les mĂȘmes intĂ©rĂȘts pour certaines destinations. Ou alors parce j’ai vraiment envie de me dĂ©connecter du monde que je connais.

J’ai voyagĂ© plusieurs fois seule en Afrique subsaharienne surtout, une destination qui n’est pas trĂšs prisĂ©e par les Marocains en gĂ©nĂ©ral. C’est difficile de convaincre ton amie qui a envie de passer des vacances Ă  Marbella ou en cĂŽte d’Azur de te suivre au fin fond de la jungle! ExceptĂ©e l’Afrique, j’ai fait la Malaisie, le Liban, la Turquie et le nord du BrĂ©sil seule aussi. La durĂ©e de mes voyages varie entre une semaine et un mois.

Mon premier voyage solo Ă©tait en 2009. J’avais 21 ans. Je suis allĂ©e au SĂ©nĂ©gal pendant un mois. Mon pĂšre n’était pas d’accord mais j’ai pu le convaincre car depuis toute petite j’ai toujours Ă©tĂ© fascinĂ©e par notre beau continent ! il a fini par cĂ©der aprĂšs de longues journĂ©es de nĂ©gociations
 « Convaincre ton pĂšre pour aller au SĂ©nĂ©gal Ă  cette Ă©poque et seule est un vrai un miracle », me disait-on. Aujourd’hui, les choses ont beaucoup Ă©voluĂ©, parcourir le monde est devenue ma spĂ©cialitĂ©.

Mes voyages se sont gĂ©nĂ©ralement bien passĂ©s, que ce soit au SĂ©nĂ©gal ou ailleurs. Je passe mes journĂ©es Ă  dĂ©couvrir la ville et je suis mon instinct pour nouer des amitiĂ©s avec d’autres voyageurs ou bien les locaux car ĂȘtre en interaction avec les habitants et l’une des meilleures maniĂšres pour s’immerger dans la culture d’un pays.

Il m’est arrivĂ© de rencontrer des problĂšmes lors de mes voyages mais rien d’alarmant. Je reste toujours vigilante et j’évite de sortir trĂšs tard le soir.

Ce que j’aime le plus dans les voyages solo, c’est ce sentiment de libertĂ© qui nous submerge, le plaisir de faire le tout Ă  son rythme, d’ĂȘtre en paix avec soi-mĂȘme. Il faut l’essayer pour le comprendre.

Mais voyager seul a ses bĂ©mols
 Je regrette parfois de ne pas pouvoir partager ma joie avec une personne, ne pas pouvoir pratiquer des activitĂ©s qui ne se font qu’en groupe. Ah oui, et aussi le fait qu’il n’y ait personne pour me prendre en photo ! Alors je fais le plein de selfies et je les publie sur Instagram. Une façon pour moi de partager mon bonheur avec les autres.

Au final, si vous me demandez ce que je prĂ©fĂšre, je dirais le voyage en groupe! Ceci dit, j’encourage toutes les filles Ă  voyager seule au moins une fois dans leur vie. Voyager seul c’est un peu comme un saut en parachute, au dĂ©but on a peur mais une fois dedans c’est du pur bonheur !

 

 

Hajar Benlaadar, 27 ans, chercheuse Ă  l’UniversitĂ© Hassan le 1er et auto-entrepreneur

J’ai commencĂ© Ă  voyager toute seule Ă  l’ñge de 18 ans au Maroc. J’avais soif d’aventures. Moi qui Ă©tais habituĂ©e aux voyages en famille, j’avais besoin d’air frais pour m’aĂ©rer l’esprit.

Mon envie de voyager, ma curiositĂ©, mon besoin de voir ce qui se passe dans le monde, de comprendre comment les autres vivent leurs journĂ©es, Ă©tait un petit rĂȘve que je gardais pour moi. J’étais malheureusement obligĂ©e d’attendre la fin de mon cursus d’ingĂ©nierie si prenant (900 heures/an) pour pouvoir enfin exaucer mon vƓu.

Une semaine aprĂšs ma soutenance, l’opportunitĂ© s’est prĂ©sentĂ©e Ă  moi : six semaines de bĂ©nĂ©volat en IndonĂ©sie dans le cadre d’un programme assurĂ© par AIESEC. Au bout de ma 5Ăšme semaine, j’ai dĂ©cidĂ© de prolonger mon voyage et changer la date du billet de retour. En sac Ă  dos, je suis partie Ă  la dĂ©couverte d’autres pays en Asie. Mon itinĂ©raire se faisait suivant les recommandations des voyageurs que je rencontrais sur mon trajet. C’était un voyage spontanĂ©, j’en garde de beaux souvenirs.

Ce premier petit tour en Asie n’était que le dĂ©but
 La suite m’a procurĂ©e un grand Ă©panouissement aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Je ne me voyais pas m’installer dans la routine en occupant un job fixe. En Ă©tudiant mes options, j’ai dĂ» faire un virage dans ma carriĂšre et me diriger vers le travail en freelance.

Se lancer en solo est une aventure incroyable. En faisant mes bagages, je me rends compte que je suis seule, mais en faisant la queue lors de mes dĂ©placements, je me retrouve en famille. Tous ces voyageurs que je cĂŽtoie ont chacun une histoire, un rĂȘve et des ambitions. Ce qui est formidable, c’est que j’ai des maisons dans les quatre coins du monde !

J’ai visitĂ© 30 pays durant 3 ans et demi. Des problĂšmes ? J’en ai eus ! Carte bancaire bloquĂ©e en CorĂ©e du sud, dĂ©barquer aux Philippines dans une auberge ayant fait l’objet d’un vol Ă  3h du matin, et me retrouver suspect numĂ©ro 1 le lendemain, me retrouver avec un billet d’avion dont la date a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©e d’un mois, sans le sou
 sont quelques uns des ennuis auxquels j’ai dĂ» faire face mais aujourd’hui, ce ne sont que de bons souvenirs pour moi. Je suis fiĂšre d’avoir vĂ©cu tout cela car je suis dĂ©sormais plus forte.

Ces petits voyages que j’effectue une fois par mois, ou tous les trois mois, m’ont faire comprendre que le monde est connectĂ© d’une façon magique de par l’histoire de chaque pays, sa gastronomie, ses traditions, etc. DĂ©sormais, je ne rentre pas d’un voyage avant de planifier le(s) suivant(s) ! C’est devenu un rituel. Chaque sĂ©jour a un thĂšme particulier. Parfois c’est purement touristique et je m’amuse comme une touriste, parfois c’est un voyage gastronomique, parfois encore une immersion pendant 2 ou 3 mois chez les habitants. Il m’arrive aussi de rendre visite Ă  des ami(e)s et de me laisser embarquer dans leurs plans, ou de voyager dans le cadre de mon travail ou de mes Ă©tudes. Bref, je m’éclate et ce n’est pas prĂȘt de s’arrĂȘter !

 

Salma Baghdadi, 26 ans, responsable de communication dans un consortium de recherche en Italie

J’ai voyagĂ© en solo en IndonĂ©sie (Jakarta et Bali – 2 semaines), Portugal (Cascais – 2 jours), Italie (Rome, Naples et Positano – 5 jours, Bologne – 2 jours), GrĂšce (Athens – 3 jours), Bulgarie (Sofia – 3 jours), Serbie (Belgrade), Croatie (Zadar et Zagreb – 4 jours), Albanie (Tirana, Dures et Shkodra – 5 jours), Allemagne (Munich – 2 jours).

J’aime bien explorer les pays en tant que voyageuse, et non pas comme une touriste. Voyager seule est un stage d’indĂ©pendance par excellence. Ce qui m’a toujours poussĂ© Ă  dĂ©couvrir de nouveaux pays seule est l’envie d’explorer mes limites, de me mettre complĂštement hors de ma zone de confort, d’ĂȘtre totalement dĂ©pendante de moi-mĂȘme et libre.

Tout commence par la curiositĂ© envers une culture spĂ©cifique. Par la suite, je choisis la destination (ville/village/montagne/lac, etc), j’achĂšte le billet d’avion, j’essaie de trouver un logement convenable, c’est Ă  dire un endroit propre et sĂ©curitĂ© (pas de luxe), et partir.

C’est Ă  moi d’organiser le voyage de A Ă  Z, de trouver les moyens de transport convenables, de veiller Ă  ma sĂ©curitĂ©, de rester dans les quartiers sĂ»rs de la ville, de faire le pas d’interagir avec les habitants. Lorsque je voyage seule, je dĂ©couvre une nouvelle culture, j’essaie de la comprendre et la vivre.

Pour moi, c’est le meilleur moyen d’ĂȘtre vraiment une personne ouverte d’esprit qui respecte les diffĂ©rences d’autrui. Certaines personnes de mon entourage ne comprennent toujours pas comment on puisse voyager seule, car elles l’associent Ă  l’ennui et l’inconfort. Elles ignorent combien on gagne en expĂ©rience et comment notre personnalitĂ© Ă©volue Ă  chaque voyage !

Meryem Hamdi, 29 ans, directrice de production publicité

J’ai fait le tour d’Europe en sac Ă  dos avec une copine il y’a quelques annĂ©es, un tour aussi en Asie de quelques mois avec ma meilleure amie ; puis des voyages par ci par lĂ  avec des amies toujours en sac Ă  dos. Et puis j’ai dĂ©cidĂ© de rĂ©itĂ©rer l’expĂ©rience, seule cette fois-ci.

En juin 2018, j’ai dĂ©posĂ© ma dĂ©mission et je suis partie en AmĂ©rique latine pour quelques mois. Je suis allĂ©e d’abord en Argentine Ă  Buenos Aires puis j’ai pris l’avion pour Ushuaia et Ă  partir de lĂ , j’ai pris le bus et j’ai fait le sud de l’Argentine, Chili, Bolivie, PĂ©rou et Equateur.

J’étais censĂ©e rester 7 mois, mais j’ai dĂ» Ă©courter mon sĂ©jour pour assister au mariage de mon grand frĂšre et parce que j’ai eu une mĂ©saventure. On m’a volĂ© toutes mes affaires au nord du PĂ©rou ! A mon retour, ma famille me gronde et me conseille de me «trouver un mari» au lieu de «chercher Ă  dĂ©couvrir le monde» 

Mais au final, je n’ai pas Ă©tĂ© déçue, bien au contraire. Mon voyage m’a permis de faire des rencontres magnifiques, et avant tout de me dĂ©couvrir moi-mĂȘme. J’ai fait tout ce que je voulais faire. Le voyage aide Ă  ouvrir l’esprit et Ă  voir les choses diffĂ©remment. Nous avons tendance Ă  nous attacher aux choses matĂ©rielles alors qu’en rĂ©alitĂ©, il en faut peu pour ĂȘtre heureux. On apprend et on dĂ©couvre d’autres cultures. On apprend le respect de l’autre et le partage. J’ai beaucoup dormi chez des gens via l’application Couching, ce qui m’a permis de rencontrer des locaux.

Ce que j’ai le plus aimĂ© durant mes voyages en solitaire, ce sont mes rencontres, les paysages Ă  couper le souffle, ma connexion avec la nature en Pantagonie, une des plus belles rĂ©gions du monde. Il n’y a vraiment rien que je n’ai pas aimĂ© car je prends toute mes expĂ©riences positivement. MĂȘme le faire qu’on m’ait volĂ© toutes mes affaires me fait finalement une bonne anecdote Ă  raconter ! Quand on voyage, on doit ĂȘtre mentalement prĂ©parĂ© Ă  vivre l’aventure avec tout ce qu’elle comporte, ses belles et ses mauvaises surprises.

AprĂšs mon voyage, j’ai dĂ©cidĂ© de travailler en freelance pour ĂȘtre libre. Je prĂ©fĂšre gagner moins d’argent et consacrer plus de temps Ă  faire les choses que j’aime. Je prĂ©fĂšre en effet mettre de l’argent de cĂŽtĂ© pour un beau grand voyage que pour du maquillage, des habits ou des meubles
 Je crois qu’il est trĂšs important de garder son Ăąme et son temps. Je repars en septembre encore vers l’Asie. Je pense que je suis une amoureuse du voyage et je ne m’arrĂȘterai jamais !

Sara Ayare, 30 ans, agent d’escale

VoilĂ  5 ans de voyage en solo, presque 4 par an. Ma passion pour le voyage est nĂ©e le jour oĂč j’ai intĂ©grĂ© une compagnie aĂ©rienne en tant qu’agent d’escale au sol. J’y ai rencontrĂ© des personnes issues de toutes les nationalitĂ©s. Elles partageaient avec moi leurs histoires et leurs escapades… J’ai donc rapidement pris goĂ»t au voyage ! AprĂšs un an de travail, j’ai dĂ©cidĂ© de me lancer Ă  mon tour et d’avoir ma premiĂšre expĂ©rience hors « bled ». N’ayant pas trouvĂ© de la compagnie, une question m’est passĂ©e par l’esprit: « Ai-je bien besoin de quelqu’un pour faire ce trip? » RĂ©ponse immĂ©diate: «non».

Sur un coup de tĂȘte, j’ai choisi ma destination, les dates, j’ai pris mes billets, j’ai fait mon petit sac. J-1, j’informe mes parents, eux qui ne m’autorisaient mĂȘme pas Ă  faire un voyage avec des copines Ă  Kech’, Ă©taient ce jour-lĂ  devant le fait accompli ! Bizarrement, aucune contestation n’a Ă©tĂ© exprimĂ©e, enfin pas devant moi
 Dimanche 1er Juin 2014, impossible d’oublier ce jour-lĂ . C’était mon premier vol. Heureuse, paniquĂ©e, stressĂ©e… Impossible de manger quoi que ce soit. J’arrive Ă  Istanbul Ă  1h du matin, et c’est lĂ  oĂč tout a commencĂ©. Quand je suis sortie de l’aĂ©roport, j’ai regardĂ© Ă  gauche et Ă  droite et je me suis dis « Mais qu’est-ce que tu fous lĂ ! ». Une semaine en solo sans programme, juste la volontĂ© de dĂ©couvrir cette immense ville. Je n’hĂ©sitais pas Ă  demander des renseignements Ă  la rĂ©ception, j’arrĂȘtais les passants pour m’aider Ă  trouver le chemin…

Une semaine passĂ©e oĂč j’Ă©tais libre de faire ce que je veux, quand je veux ; une semaine oĂč je n’Ă©tais pas pressĂ©e ; une semaine de prises de dĂ©cision rapides; une semaine oĂč j’ai appris Ă  me dĂ©couvrir, oĂč j’ai terminĂ© mon roman que j’essayais de finir depuis des mois ; une semaine oĂč je contemplais les gens, et je savourais l’instant prĂ©sent. A ce moment-lĂ , j’ai su que le voyage en solo allait devenir ma passion.

Quelques mois aprĂšs, je dĂ©cide de faire un nouveau trip: Barcelone-Lisbonne-Paris en deux semaines et encore une fois, je savais que je ne voulais pas attendre que quelqu’un se libĂšre pour venir avec moi. Je suis partie toute seule. A Barcelone, j’ai tentĂ© le Couchsurfing. AprĂšs un bref Ă©change sur Facebook avec une personne, celle-ci dĂ©cide de me laisser son appartement pour six jours. Je me disais que c’Ă©tait fini pour moi, que c’Ă©tait la mafia espagnole, mais malgrĂ© tout j’ai foncĂ© et heureusement, il ne m’est rien arrivĂ©.

Depuis, et Ă  chaque fois que je rentrais d’un trip, je me sentais dĂ©jĂ  assoiffĂ©e de voyage. Je cherchais les bons plans, les destinations les moins frĂ©quentĂ©es, les moins chĂšres, et surtout, les plus sĂ»res pour une voyageuse. Je suis devenue tout simplement accro ! J’ai laissĂ© derriĂšre moi les rĂȘves matĂ©rialistes, comme avoir une belle voiture, une maison, ou un « weld nass » pour me marier
 Je ne cherchais plus qu’Ă  partir loin et me dĂ©connecter.

Istanbul, Capadokya, Fethiye, Paris, Barcelone, Lisboa, Porto, Nice, Cannes, Monaco, Madrid, SĂ©ville, Mallorca, Napoli, Capri, Malta, Budapest, Vienne, Bratislava, Cracovie, Prague… Toutes ces villes ont laissĂ© une trace dans mon coeur, mais la destination qui m’a le plus marquĂ©e est Reykjavik, la capitale de l’Islande. Une nature vierge et sauvage, j’en ai eu plein les yeux lĂ -bas !

14 Pays, plus de 22 villes, en 4 ans, et ce n’est que le dĂ©but. Tellement de pays sur ma bucket list que j’ai envie d’exploiter et toujours
 toute seule.

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page