Game of Thrones entre dans l’histoire aux Emmy Awards

La saga médiévo-fantastique de HBO a décroché 12 Emmys cette année: trois prix dimanche et neuf dans les catégories techniques le week-end dernier. Ses acteurs sont toutefois repartis bredouille.

Caractérisée par un monde imaginaire aux moeurs féodales, la série inspirée des romans de George R. R. Martin est devenue en six saisons le programme de fiction le plus décoré des Emmys, avec au total 38 prix, battant le sitcom « Frasier ». La satire politique « Veep », sacrée meilleure série comique comme l’an dernier, s’est aussi fait une place au Panthéon des Emmys grâce à son interprète Julia Louis-Dreyfus. Elle a gagné pour la cinquième fois d’affilée le prix de la meilleure actrice comique grâce au rôle de la (vice-)présidente incompétente Selina Meyers.
 
C’est la sixième statuette au total pour ce prix, un record depuis la naissance des Emmys, « Oscars de la télévision ». Au total, l’actrice de 55 ans en a gagné neuf dans sa carrière. « ‘Veep’ a abattu la frontière entre comédie et politique. Ce qui a débuté comme une satire ressemble maintenant à un documentaire. Alors je promets de reconstruire ce mur et de faire payer le Mexique », a déclaré cette supportrice d’Hillary Clinton, en faisant allusion à une promesse de Trump.

A moins de deux mois de la présidentielle américaine, le ton de la soirée était marqué de références à une campagne particulièrement acrimonieuse. Dans la séquence d’ouverture, l’animateur Jimmy Kimmel est monté dans la limousine conduite par… Jeb Bush, candidat républicain malheureux, qui a lancé « si on mène une campagne positive, les électeurs finissent pas faire le bon choix » avant d’ajouter: « c’était une blague Jimmy ». Le présentateur a aussi déclaré: « si ce n’était pour la télévision, est-ce que Donald Trump serait candidat à la présidentielle aujourd’hui? Non ».

Référence au passé de vedette de l’émission « The Apprentice » de Donald Trump, Kimmel a ajouté: « Nous n’avons plus besoin de regarder la téléréalité, nous la vivons ». Jill Soloway, créatrice de « Transparent » et de nouveau primée, s’en est pris bien plus violemment au candidat qu’elle a qualifié de « l’un des plus dangereux monstres de notre époque, un héritier d’Hitler ».

Quant à Mark Burnett, producteur de « The Apprentice », et épinglé par Kimmel pour avoir popularisé Trump, il a répliqué, critiquant les médias qui parlent en boucle du magnat de l’immobilier: « combien de temps gratuit peut-on donner à une personne? ». Autre grande gagnante de la soirée, la mini-série « The People vs O.J. Simpson », sur la bataille entre les avocats de l’ex-vedette du football américain, accusé de double homicide, et la procureure Macia Clark, a remporté 5 prix. Sarah Paulson a été récompensée pour son interprétation de Marcia Clark, jugée largement responsable de ce qui a été considéré par beaucoup comme un échec: l’acquittement de Simpson à l’issue du « procès du siècle » en 1995. « Je suis désolée », a dit Paulson à son modèle, louant l’intelligence et la résilience de celle qui voulait rendre justice à « deux victimes innocentes, Nicole Brown Simpson et Ron Goldman ». Interrogée par les journalistes, l’actrice a estimé que « O.J., était vraiment un homme adoré, et vu le climat dans cette ville après (l’affaire Rodney King et les émeutes qui ont suivi à Los Angeles), je pense qu’il n’y avait pas d’autre issue pour ce procès ».