Depuis la parution de « La veÌriteÌ sort de la bouche du cheval » aux eÌditions Gallimard cet eÌteÌ, le preÌnom de Meryem Alaoui est sur toutes les leÌvres. Un premier roman qui deÌtonne par son langage parleÌ treÌs imageÌ dans le paysage litteÌraire actuel, seÌlectionneÌ pour plusieurs prix litteÌraires europeÌens. Rencontre.
Avant de se lancer dans lâeÌcriture de son roman, Meryem Alaoui semble avoir veÌcu plusieurs vies. BijoutieÌre, assistante de production dans le cineÌma, directrice de la communication dans les RH, creÌatrice dâune agence de production de contenu, directrice dâune reÌgie publicitaire puis du groupe Tel Quel, employeÌe de boulangerie, traductrice en free-lance, creÌatrice dâune marque de cosmeÌtiques… la jeune Marocaine est une veÌritable touche-aÌ-tout. Et comme si cela ne suffisait pas, Meryem Alaoui ajoute aujourdâhui une nouvelle corde aÌ son arc qui est celle de romancieÌre. Une passion pour les mots, transmise par son peÌre Driss Alaoui Mdaghri, poeÌte et homme politique marocain, quâelle nourrit depuis son plus jeune aÌge.
« La veÌriteÌ sort de la bouche du cheval » nous embarque dans le quotidien de Jmiaa, une Marocaine de 34 ans contrainte de se prostituer dans un quartier chaud de Casablanca pour survivre et nourrir sa fille. Avec son langage cru, meÌlange de français et de darija, ce roman unique en son genre a eÌteÌ seÌlectionneÌ pour plusieurs grands prix litteÌraires tels que le Prix Goncourt, les Prix Stanislas du premier roman ou encore le Prix de Flore. Aujourdâhui installeÌe aux EÌtats-Unis avec son mari et ses trois enfants, Meryem Alaoui revient pour nous sur cette formidable nouvelle aventure.
Avez-vous toujours eu envie dâeÌcrire un roman ?
Oui. Jâai toujours eu la certitude que jâeÌcrirais un roman. Câest assez bizarre comme sentiment. Jâaime eÌcrire et plus jeune, jâeÌcrivais des poeÌmes mais je ne mâeÌtais jamais assisse derrieÌre un bureau pour mây mettre. Je nâavais pas planifieÌ le moment ouÌ ça allait arriver mais jâeÌtais certaine quâaÌ la fin de mes jours, je nâaurai pas pu consideÌrer ma vie comme reÌussie sans avoir produit de roman.
Est-ce votre peÌre, Driss Alaoui Mdaghri, ceÌleÌbre poeÌte, qui vous a transmis cette passion pour la litteÌrature ?
Jâai eu la chance et le privileÌge dâavoir toujours eu beaucoup de livres aÌ ma disposition aÌ la maison. Le reÌpertoire eÌtait extreÌmement diversifieÌ. Il y avait de tout. Des reÌcits de voyages, des romans classiques, des essais de psychanalyse ou des ouvrages de science fiction. Le tout en plusieurs langues. Le fait que tout cela soit aÌ porteÌe de main aide certainement aÌ deÌvelopper le gouÌt de la lecture et de lâeÌcriture. Et puis, ma meÌre avait horreur que ses enfants tournent en rond dans la maison. Quand je disais que je mâennuyais, je recevais systeÌmatiquement la meÌme reÌponse âqui est celle que je donne aujourdâhui aÌ mes enfants : « Va lire ! »
Pourquoi avoir choisi dâeÌcrire aÌ la premieÌre personne ?
Je nâai pas choisi grand chose dans lâeÌcriture de ce roman qui mâa traverseÌ de bout en bout. Comme tout le reste de lâhistoire, le « je » sâest imposeÌ aÌ moi. Un soir de juin aÌ Casablanca, jâai ouvert mon ordinateur et lâhistoire a commenceÌ aÌ couler. Quand jâai reÌaliseÌ que ça ne sâarreÌtait pas et que ça pourrait eÌtre un roman, jâai continueÌ sur ma lanceÌe.
Vous reconnaissez-vous sur certains points dans le personnage principal Jmiaa ?
Jmiaa et moi partageons un certain nombre de points communs : la joie de vivre, la vitaliteÌ et la capaciteÌ aÌ regarder de lâavant sans penser aÌ deÌplorer que les choses ne se deÌroulent pas comme preÌvu. Comme elle, jâai tendance aÌ me laisser porter par les eÌveÌnements plutoÌt quâaÌ tenter de les controÌler. Et aÌ en rire chaque fois que je le peux. Je ne consideÌre pas la vie comme une activiteÌ seÌrieuse.
Votre roman se veut-il eÌtre un message dâespoir pour toutes ces femmes qui exercent des meÌtiers difficiles pour sâen sortir ?
Absolument pas. Lâhistoire de Jmiaa ne porte aucun message et nâa dâautre ambition autre que celle de divertir. Que les lecteurs passent un bon moment, quâils voyagent dans Casa, quâils oublient leur quotidien le temps de la lecture suffit amplement aÌ mon bonheur.
L’intĂ©gralitĂ© de l’interview est Ă dĂ©couvrir dans N° 126 de Plurielle, disponible dans les points de distribution habituels.