Les rĂ©seaux sociaux iraniens commentent abondamment vendredi une vidĂ©o montrant un policier pousser une jeune femme manifestant seule en pleine rue contre l’obligation du port du voile pour la faire tomber de sa scĂšne improvisĂ©e.
A policeman pushes down woman protesting compulsory #hijab in #Iran. There are reports that her foot was broken and that she was taken into custody. pic.twitter.com/He10hRyzeZ
â Armin Navabi (@ArminNavabi) 23 fĂ©vrier 2018
La vidĂ©o, tournĂ©e Ă la tombĂ©e de la nuit et mise en ligne sur les rĂ©seaux sociaux jeudi soir, semble avoir Ă©tĂ© prise rue Enghelab, artĂšre animĂ©e du centre de TĂ©hĂ©ran, Ă l’endroit mĂȘme ou une premiĂšre manifestante contre l’obligation faite aux femmes de se voiler dans l’espace public avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e fin dĂ©cembre.
Depuis lors, quelques dizaines d’Iraniennes ont suivi son exemple, publiant des photos d’elles dans la rue ou des parcs, tĂȘte nue, brandissant leur voile en signe de dĂ©fi au bout d’une perche ou de leur bras levĂ©.
C’est dans cette derniĂšre posture quâapparaĂźt la femme de la vidĂ©o, juchĂ©e sur une armoire de voirie, les longs cheveux clairs coiffĂ©s en queue de cheval.
Deux policiers lui ordonnent tour Ă tour de descendre, l’un de maniĂšre autoritaire, l’autre poliment. La femme ne bouge pas et rĂ©pond Ă plusieurs reprises d’une voix calme: « Dites-moi ce que je fais de mal et je descendrai. »
« Perturbation de l’ordre public », dit un des agents.
Un attroupement se forme. Un homme hors champ lance: « Applaudissons-la », et on entend quelques applaudissements.
Dans une deuxiĂšme sĂ©quence de la vidĂ©o, tournĂ©e vraisemblablement Ă partir d’un tĂ©lĂ©phone, l’un des deux policiers se hisse au niveau de la femme et la pousse, la faisant tomber. Les badauds s’indignent. « OĂč sont les droits de l’Homme ? » demande une voix masculine.
On ignorait dans l’immĂ©diat quel a Ă©tĂ© le sort de la jeune femme aprĂšs cet incident.
La police pousse #MaryamShariatmadari, qui proteste contre le #Hijab imposé. Selon le médecin cette chute a blessé son genou. Ils l'ont emmenée au centre de détention. Voilà le résultat de la protestation en #Iran! pic.twitter.com/MPPPC7m8D5
— ۱ÙŰŽÙÙۧ (@rochiikaa) 24 fĂ©vrier 2018
Annonçant l’arrestation d’une autre contestatrice mercredi soir dans le nord de TĂ©hĂ©ran, l’avocate Nasrin Sotoudeh, engagĂ©e pour la dĂ©fense des droits de l’Homme, Ă©crit sur son compte Facebook que le policier a enfreint la loi car « aucun homme n’a le droit de traiter une femme de la sorte ».
« Cette mĂȘme police qui fait tomber la fille de la rue Enghelab est celle qui est chargĂ©e d’assurer la sĂ©curité », rĂ©agit un utilisateur de Twitter.
En RĂ©publique islamique d’Iran, la loi impose aux femmes de sortir tĂȘte voilĂ©e et le corps couvert d’un vĂȘtement ample plus ou moins long. Depuis fin dĂ©cembre, une trentaine de manifestantes au moins ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es Ă TĂ©hĂ©ran pour avoir dĂ©fiĂ© cette rĂšgle.