Six personnes, dont deux mĂ©decins, seront jugĂ©es fin mai pour avoir pratiquĂ© clandestinement des avortements, a-t-on appris mardi de sources concordantes, alors que le dĂ©bat sur l’IVG, actuellement passible de prison, refait frĂ©quemment surface dans le royaume.
Ce « rĂ©seau d’avortement clandestin » a Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ© fin avril Ă Marrakech, ont rapportĂ© mardi plusieurs, prĂ©cisant que le procĂšs du groupe aura lieu le 24 mai.
Deux internes en mĂ©decine, un Ă©tudiant en mĂ©decine et un pilote qui importait d’Espagne un anti-inflammatoire souvent utilisĂ© au Maroc par des femmes souhaitant avorter, font notamment partie des personnes jugĂ©es, a dit mardi Ă l’AFP Omar Arbib, membre de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), section-Marrakech.
Ils sont poursuivis pour avoir pratiqué illégalement des avortements et pour importation illégale de médicaments, a-t-il ajouté.
Les opérations étaient pratiquées dans un appartement à Marrakech et chaque intervention était facturée environ 3.000 dirhams (280 euros), selon la presse locale.
Le Maroc s’Ă©tait engagĂ© en 2015 dans un profond dĂ©bat sur « l’urgence » d’un assouplissement de sa lĂ©gislation face au flĂ©au des centaines d’avortements clandestins pratiquĂ©s chaque jour.
Une commission officielle avait dans la foulĂ©e recommandĂ© que l’avortement dans « quelques cas de force majeure » devienne autorisĂ©, notamment en cas de viol ou de graves malformations. Mais aucune loi n’est depuis venue entĂ©riner ces recommandations.
« Le Maroc doit rouvrir le dĂ©bat sur l’avortement et faire en sorte que chaque femme puisse disposer de son corps », a estimĂ© M. Arbib.
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) reste passible de six mois Ă cinq ans de prison. Le code pĂ©nal sanctionne aussi bien la femme qui avorte (de 6 mois Ă deux ans de prison) que les personnes qui pratiquent l’acte (de 1 Ă 5 ans de prison).
Bien qu’aucun chiffre officiel n’existe, les associations estiment qu’entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiquĂ©s chaque jour, dans des conditions sanitaires parfois dĂ©sastreuses. Certaines femmes ont recours Ă des mĂ©dicaments ou Ă des plantes prĂ©sumĂ©es abortives.
Les grossesses non dĂ©sirĂ©es renforcent le phĂ©nomĂšne des « mĂšres cĂ©libataires » et l’abandon d’enfants, jusqu’Ă 150 par jour affirment des ONG, alors que les enfants nĂ©s hors mariage sont considĂ©rĂ©s comme « illĂ©gitimes » par la loi.