Les relations sexuelles hors mariage provoqueraient des cancers selon un fqih

Les auditeurs ont eu du mal à en croire leurs oreilles ! Vendredi 19 janvier au matin, sur les ondes de la radio Chada FM, un fqih a affirmé que les femmes qui entretenaient des relations sexuelles extraconjugales seraient nécessairement atteintes d’un cancer de l’utérus. Des propos très controversés, qui en ont choqué plus d’un !

 

D’après la théorie du fqih, lors du premier rapport sexuel, le vagin de la femme inscrit le « code » du sperme de son mari. Or, en cas de relation extraconjugale, c’est-à-dire, si la femme entretient un rapport sexuel avec un homme autre que son mari, ce « code » ne serait pas reconnu et entraînerait donc chez la femme la contraction d’un cancer de l’utérus.

 

Une période est nécessaire à l’utérus pour effacer le « code » et en accueillir un nouveau

 

Pour étayer ses propos, le religieux s’est appuyé sur la « découverte extraordinaire », faites par des « scientifiques occidentaux ». Ces derniers auraient démontré que la période de « idda », qui correspond au délai de viduité nécessaire aux femmes veuves avant de pouvoir contracter un nouveau mariage et donc d’avoir à nouveau des relations sexuelles (qui est de 4 mois et 10 jours), correspondrait au temps nécessaire pour le vagin d’effacer le « code » du sperme du défunt mari. « Ce que les scientifiques occidentaux viennent de découvrir, le Prophète le savait déjà il y a 14 siècles. Il savait que l’utérus avait besoin de ces 4 mois et 10 jours pour changer le code du sperme. Comment a-t-il fait pour en être informé, si ce n’est pas le miracle divin ? », aurait soutenu le fqih.

 

Des propos aberrants qui n’ont pas manqué de faire réagir la sociologue Soumaya Naamane Guessous, auteure de nombreux ouvrages sur la sexualité des femmes au Maroc. Dans un long post publié sur sa page Facebook, la sociologue a insisté sur la dangerosité liée à la tenue de tels propos : « Ces émissions sont dangereuses parce qu’elles abrutissent les auditeurs qui se chiffrent en milliers, voire en millions ». « Est-il normal que dans le Maroc du 21eme siècle, ayant de si grandes ambitions pour se moderniser, éduquer sa population et lutter contre l’obscurantisme religieux, de permettre encore ce genre d’idioties ? Est-il acceptable que des responsables de chaînes de radio puissent donner l’antenne à des fquihs aussi ignares pour informer et orienter notre population. Ces responsables écoutent-ils ces émissions puisque certains d’entre eux sont des progressistes ? »

 


En effet, ces propos  ont une portée beaucoup plus large. Certaines femmes peuvent ainsi se dire que si elles sont fidèles et ne reçoivent que le sperme de leurs maris, elles sont protégées et n’ont pas besoin de faire de dépistages du cancer du col de l’utérus.

 

 

Qu’en est-il des sanctions ?

 

Selon le magazine TelQuel, l’intervention très controversée de ce fqih à l’antenne de Chada FM, « devrait être discutée aujourd’hui lors de la session ordinaire du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) ». Aussi, toujours selon leur source à la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), si sanction il y a, « c’est la radio qui sera censurée pour avoir donné l’antenne à ce type de discours et non le fqih lui-même ».

 

Soumaya Naamane Guessous s’est en effet, comme beaucoup d’auditeurs, insurgée contre le manque de contrôle. Comment de tels propos peuvent être tolérés sur une chaîne de grande écoute ?

 

D’autant plus que ce n’est pas la première que l’intervention d’un fqih sur les ondes de la radio Chada FM suscite des débats. Reste à savoir si la station sera sanctionnée pour la tenue de ces nouveaux propos absurdes et si à l’avenir, un contrôle plus assidu se fera au niveau des choix des intervenants invités sur les chaînes de radio.