Avec ses courbes volupÂtueuses, son regard de braise et sa bouche pulpeuse, la Ragazza incarne la fĂ©minitĂ© absolue, le glamour Ă l’italienne, un fantasme incendiaire…
Rencontrer Monica Bellucci est pourtant tout sauf une Ă©preuve du feu. Chaleureuse, Ă l’Ă©coute, apaisĂ©e, cette immense actrice s’exprime volontiers et devient musicienne lorsqu’elle prononce des mots choisis avec dĂ©licatesse et poĂ©sie⊠Elle nous berce, nous subjugue, nous envoĂ»te. Divine. Sublime.
Yeux de biche, silhouette planÂtuÂreuse, criniĂšre Ă©bĂšne… Monica Bellucci est plus sexy et dĂ©sirable que jamais. Ses deux maternitĂ©s et sa maturitĂ© n’ont en rien altĂ©rĂ© le dĂ©sir des rĂ©alisateurs⊠et de ses admirateurs. Au contraire !
Mannequin vedette devenue star du 7e Art, celle que l’on considĂšre Ă juste titre comme « l’une des plus belles femmes du monde », qui a tournĂ© avec Dino Risi, Francis Ford Coppola, Emir Kusturica, David Lynch…, embrassĂ© une carriĂšre internationale avec les blockbusters Matrix (Wachowski) et James Bond (Sam Mendes), sera la maĂźtresse de cĂ©rĂ©monie du 70e Festival de Cannes.
Visage des cosmĂ©Âtiques Dior, sulfureuse amÂbasÂsaÂdrice du parfum Dolce & Gabbana et douce Ă©gĂ©rie des cacheÂmires de luxe Bompard, cette louve irrĂ©sistible et envoĂ»Âtante veille attentivement sur Deva, 12 ans, et LĂ©onie, 7 ans (les filles qu’elle a eues avec Vincent Cassel pour lequel elle a eu un coup de foudre en 1995 sur le tournage de L’Appartement et dont elle s’est sĂ©parĂ©e Ă l’Ă©tĂ© 2013).
C’est en hĂ©roĂŻne de la saison 3 de Mozart in the Jungle, diffusĂ©e dĂšs le 14 mai Ă 20h40 sur OCS City, que nous l’avons rencontrĂ©e.
Qui est Alessandra, votre personnage dans la série Mozart in the Jungle ?
C’est une chanteuse d’opĂ©ra en crise, une femme complexe trahie par le temps, trahie par son talent⊠L’arrivĂ©e d’un jeune directeur d’orchestre incarnĂ© par GaĂ«l Garcia Bernal va lui permettre de se rĂ©concilier avec elle-mĂȘme, de raviver la flamme qui brĂ»le en elle. Elle regarde cet homme comme lui la regarde, avec amour et respect.
Alessandra exprime volontiers ses angoisses. Sans passion pour l’animer, elle semble anĂ©antie. Vous comprenez ce lien extrĂȘme avec un art ?
C’est une diva. Elle a un comportement Ă la fois enfantin et pervers. Tout ça est liĂ© au monde de l’art et de la musique classique. Une chanteuse d’opĂ©ra possĂšde son instrument Ă l’intĂ©rieur d’elle-mĂȘme. Je pense qu’une cantatrice est beaucoup plus fragile qu’une actrice qui joue son rĂŽle protĂ©gĂ©e par le masque du personnage, par le filtre de la camĂ©ra…
Alessandra a besoin de souffrir pour exercer son art, est-ce votre cas aussi ?
C’est terrible Ă dire, mais la souffrance nous nourrit et nous fait grandir… bien plus que le bonheur ! La douleur est une source d’inspiration, elle nous donne la possibilitĂ© d’explorer nos zones obscures et de comprendre ce que l’on cherche vraiment. Ressentir des Ă©motions nĂ©gatives, violentes voire destructrices est un des guides de notre parcours de vie.
Comme elle qui prépare des pùtes dans sa cuisine, avez-vous un cÎté « mamma italienne » ?
J’aime avoir des moments entiĂšrement dĂ©diĂ©s Ă ma famille, Ă mes enfants, Ă mon « chez moi »…
Comment conjuguez-vous cette dualitĂ© entre la cĂ©lĂ©britĂ©, la gloire mĂȘme et le quotidien ?
Mon travail est fait de lumiĂšre et d’ombre et je dois « dealer » avec ça. Ce n’est pas Ă©vident, mais j’y parviens. Ătre exposĂ©e au public nĂ©cessite un don de soi, une abnĂ©gation qui ne sont possibles et tenables que s’ils sont contrebalancĂ©s par des moments d’anonymat, par une solitude Ă l’abri des regards.
Alessandra est une sĂ©ductrice. Cette attitude dĂ©termine son rapport au monde et aux autres. Avez-vous le sentiment d’avoir dĂ©passĂ© ce souci de plaire ?
La relation tumultueuse et sensuelle entre cette femme mĂ»re et cet homme beaucoup plus jeune est trĂšs belle parce que c’est une femme  marquĂ©e par les traces du temps qui n’a pas peur de se montrer dans sa dĂ©tresse, d’exprimer son besoin d’ĂȘtre aimĂ©e. La vulnĂ©rabilitĂ© rend les gens intĂ©ressants. Il n’y a pas plus touchant que la fragilitĂ©, que de susciter le dĂ©sir malgrĂ© soi…
Lorsqu’elle ne chantait plus, elle dit qu’elle n’Ă©tait « plus rien »…
L’histoire de cette femme est celle d’une mort suivie d’une renaissance. D’ailleurs, elle chante dans un théùtre qui s’appelle La Fenice (le phĂ©nix), un lieu culturel qui a brĂ»lĂ© Ă deux reprises et a Ă©tĂ© entiĂšrement reconstruit sur ces cendres.
D’ailleurs, est-ce votre voix que l’on entend sur scĂšne ?
Non, je ne prĂ©tends pas un instant ĂȘtre chanteuse lyrique. C’est Ă Anna Maria Martinez que l’on doit la performance vocale, mais c’Ă©tait une vraie composition car j’ai dĂ» me tenir prĂ©cisĂ©ment Ă sa respiration.
On voit votre personnage évoluer dans un palais vénitien, dans quel milieu avez-vous grandi ?
Alessandra vient d’un milieu trĂšs simple, elle a construit richesse, luxe et splendeur grĂące Ă son talent⊠Moi, je suis nĂ©e fille unique dans un petit village de la province de PĂ©rouse, en Ombrie. Vous savez, il n’y a pas de grandes mĂ©tropoles en Italie, mĂȘme Rome et Milan sont de petites villes par rapport Ă Paris.
On connaĂźt votre soif de parcourir les continents, votre capacitĂ© Ă parler parfaitement cinq langues. Comment s’est aiguisĂ© votre appĂ©tit de dĂ©couvertes ?
Une adolescence ennuyeuse et difficile a dĂ©veloppĂ© ma curiositĂ©. Il y a l’envie inconsciente d’Ă©chapper Ă quelque chose, sĂ»rement… J’ai dĂ©couvert que mon grand-pĂšre Ă©tait nĂ© Ă Chicago et qu’il avait eu le courage de faire un Ă©norme voyage pour nourrir sa famille… Ma veine de citoyenne du monde doit Ă©galement ĂȘtre dans mes gĂšnes.
Quel regard portez-vous sur votre carriÚre ?
Je suis toujours Ă©tonnĂ©e lorsqu’on m’appelle pour une sĂ©rie amĂ©ricaine avec un rĂŽle pareil. C’est plus facile, plus aisĂ©, de faire les bons choix quand d’aussi belles propositions viennent Ă vous⊠ J’ai conscience d’avoir beaucoup de chance.
Place Ă l’interview musique!
Quelle est votre mélodie du bonheur ?
Les chansons et comptines d’un enfant.
Votre tube honteux de l’Ă©té ?
Je chante tout le temps Ti amo d’Umberto Tozzi !
Sous la douche avec le pommeau en micro ?
Ăa peut arriver…
Qui menez-vous à la baguette ?
Pas grand monde, ce n’est pas ma maniĂšre d’agir.
Et qui est votre maestro ?
J’en ai eu plein. Je dois remercier tous les grands hommes de cinĂ©ma avec lesquels j’ai travaillĂ©.
Pourriez-vous dire « chi va piano va sano » ?
C’est ma devise. J’ai besoin de comprendre les choses pour agir. Je suis d’une extrĂȘme lenteur. Je fais tout pianissimo. Regardez: Â j’ai eu des enfants vers 40Â ans et des rĂŽles marquants Ă 50Â !
Qu’est-ce-qui va crescendo avec le temps ?
Le recul
Quel opéra seriez-vous ?
Carmen