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Ftour & Talk : L’Art Gnaoua mis à l’honneur

par la Fondation Attijariwafa Bank

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Dans le cadre de ses rencontres culturelles, la Fondation Attijariwafa Bank a organisé une édition spéciale de son rendez-vous « Ftour & Talk » consacrée à l’art Gnaoua. Cet événement a réuni des figures emblématiques de la musique gnaoua, des experts et des passionnés pour échanger sur l’histoire, les évolutions et les défis de cette tradition musicale ancestrale.

Aux origines de la tagnaouite

L’art Gnaoua trouve ses racines dans le désert, porté par les Bambraoui, premiers créateurs de cette tradition musicale mystique. Au Maroc, cette musique a évolué en intégrant des instruments et des influences locales, tout en conservant son essence spirituelle et rythmique. Le terme « Gnaoua » lui-même trouve son origine dans un village nommé Gna, ou serait lié à Moulay Ismaïl Mansour Dahbi.

Le guembri, instrument emblématique des Maâlems gnaouis, est conçu à partir de bois et de cuir de chèvre, lui conférant un son naturel et authentique. Aujourd’hui, la musique gnaoua est présente dans tout le Maroc, avec des foyers particulièrement actifs à Essaouira, Marrakech et Casablanca.

Une transmission rigoureuse et des figures d’exception

Dans la tradition gnaoua, le titre de Maâlem n’est pas attribué à la légère : il se transmet uniquement à la mort d’un maître, assurant ainsi la préservation de cet héritage musical. Parmi les grands noms de cette tradition figure Maâlem Hamid El Kasri, une icône de la tagnaouite, qui a largement contribué à son rayonnement national et international.

L’événement met également en avant la place des femmes dans cet univers longtemps dominé par les hommes. Asmaa Hamzaoui et son groupe Bnat Timbouktou en sont un parfait exemple. Encouragée par sa mère et soutenue par son père, lui-même Gnaoui, Asmaa a su s’imposer et fonder une troupe féminine, défiant les normes et inspirant une nouvelle génération de musiciennes.

Le Festival Gnaoua d’Essaouira : un tournant décisif

Neïla Tazi, fondatrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, a partagé l’histoire de la création de cet événement aujourd’hui incontournable. L’idée a germé d’une rencontre en 1994 entre le légendaire Carlos Santana et un maître gnaoui lors d’un dîner. Séduit par cette musique envoûtante, Santana a insisté pour qu’un Gnaoui monte sur scène avec lui le lendemain. Cet instant magique a inspiré Neïla Tazi et son équipe à mettre en lumière cet art à travers un festival à Essaouira, ville emblématique de la tagnaouite.

Depuis sa première édition en 1998, le festival est devenu un rendez-vous majeur attirant des centaines de milliers de visiteurs et artistes du monde entier. En 2019, après un travail acharné et une candidature soumise dès 2009, la musique gnaoua a été inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO lors d’une session en Colombie, consacrant son importance culturelle universelle.

Une reconnaissance internationale et des défis à relever

Yaya Diabaté, musicien malien, a partagé son expérience et son admiration pour la musique gnaoua qu’il a découverte en 2009 à Essaouira. Touché par les similitudes entre la tagnaouite et les rythmes mandingues, il a souligné l’universalité et la richesse des traditions africaines.

Toutefois, malgré son succès, le Festival Gnaoua fait face à des défis constants, notamment en termes de financement, étant un événement gratuit. La question de la gouvernance et de la pérennité des festivals culturels au Maroc reste essentielle pour assurer leur évolution.

L’avenir de la musique gnaoua

L’une des grandes avancées récentes est la création d’un programme de formation en partenariat avec le prestigieux Berklee College of Music. Depuis 15 ans, des échanges entre les musiciens gnaouis et les experts de Berklee ont permis de professionnaliser la scène gnaoua. Une masterclass de cinq jours précède désormais chaque édition du festival, permettant aux musiciens marocains d’affiner leur art et de montrer un niveau impressionnant sur la scène internationale.

L’événement « Ftour & Talk » de la Fondation Attijariwafa Bank a ainsi été une belle occasion de célébrer cette richesse musicale et de souligner l’importance de préserver et de valoriser le patrimoine gnaoui, tout en l’ouvrant à de nouveaux horizons.

 

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