CĂ©lĂ©brĂ©e au lendemain des Ă©lections lĂ©gislatives, la journĂ©e nationale de la femme est une occasion privilĂ©giĂ©e pour mettre l’accent sur les avancĂ©es de la participation politique de la gent fĂ©minine qui est en Ă©volution constante, malgrĂ© les obstacles endogènes et exogènes, qui freinent encore l’implication de la femme dans les dĂ©cisions politiques.
Cette commĂ©moration nationale, qui coĂŻncide avec le deuxième scrutin lĂ©gislatif après l’adoption de la constitution de 2011, invite Ă inscrire, une nouvelle fois, Ă l’ordre du jour la question de l’Ă©galitĂ© et de la paritĂ©, en mettant en exergue les progrès rĂ©alisĂ©s en matière de reprĂ©sentativitĂ© des femmes au sein des institutions politiques, et Ă rĂ©flĂ©chir aux perspectives permettant de promouvoir leur statut et leur influence sur la scène nationale.
Selon la nouvelle Constitution, la paritĂ© constitue un principe fondamental pris en compte par le lĂ©gislateur, qui a mis en place plusieurs rĂ©formes juridiques et institutionnelles favorisant l’Ă©gal accès aux mandats Ă©lectifs, et promouvant l’adhĂ©sion des femmes Ă la vie politique et au processus de dĂ©veloppement social et Ă©conomique engagĂ© par le Royaume.
Dans ce sens, la loi a rĂ©servĂ© un quota de sièges parlementaires pour les femmes et les jeunes, deux catĂ©gories historiquement lĂ©sĂ©es par le vote. Selon l’article premier de la loi organique relative Ă la Chambre des reprĂ©sentants, les listes nationales consacrent aux jeunes 30 sièges Ă la Chambre des reprĂ©sentants, et 60 aux femmes. Ces 90 membres doivent ĂŞtre Ă©lus au titre d’une circonscription Ă©lectorale nationale créée Ă l’Ă©chelle du territoire du Royaume. Toutefois, cette liste serait provisoire et devrait ĂŞtre retirĂ©e dès que les buts de ce quota sont atteints. Au regard de la liste provisoire des Ă©lus vendredi dernier, les femmes ne sont pas lĂ©gion.
Instituée pour la première fois en 2002, la liste nationale avait pour but ultime de pousser les partis politiques à présenter des candidatures féminines au niveau des circonscriptions locales pour assurer une compétition équitable avec les hommes.
Lors des Ă©lections municipales et rĂ©gionales de 2015, les femmes ont occupĂ© un tiers des sièges dans les rĂ©gions, bien qu’elles n’aient pu accĂ©der Ă aucune prĂ©sidence de Conseil rĂ©gional, tandis qu’au niveau des communes, la reprĂ©sentation politique des femmes a connu une Ă©volution significative, passant de 1pc en 2008 Ă plus de 21 pc en 2015, un taux qui demeure en-deçà du seuil Ă franchir pour que les femmes puissent avoir un vĂ©ritable impact sur les processus de prise de dĂ©cision.
Au cours des lĂ©gislatives de 2016, plusieurs formations politiques ont respectĂ© le principe de paritĂ© et mis en avant leurs « élites » fĂ©minines, quoique en majoritĂ© elles ne figuraient pas en tĂŞte de listes. Dans ce cadre, le parti AuthenticitĂ© et ModernitĂ© (PAM) a adoptĂ© un mĂ©canisme de « discrimination positive » au niveau des deux listes, en prĂ©sentant 89 femmes sur sa liste de jeunes. Pour sa part, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a prĂ©sentĂ© 103 candidates Ă ce scrutin, et a adoptĂ© le principe d’Ă©quitĂ© au niveau de la liste nationale des jeunes.
L’Union socialiste des forces populaires (USFP), quant à elle, a présenté 96 candidates, dont 7 figurent sur la liste des jeunes, alors que le Parti de la justice et du développement (PJD) a présenté 89 candidates , dont quatre seulement issues de sa liste de jeunes.
De son côté, la Fédération de la gauche démocratique (F GD), un rassemblement regroupant le Parti socialiste unifié (PSU), le parti de l’Avant-Garde démocratique et socialiste et le Congrès national Ittihadi, a présenté 108 candidates.
S’exprimant dans une dĂ©claration Ă la MAP, le professeur et expert en droit Ă©lectoral Ă la FacultĂ© de Fès, Mohammed Fakihi, a expliquĂ© que les partis politiques ont Ă©tĂ© obligĂ©s d’introduire une sorte de « discrimination positive » Ă l’approche des Ă©lections pour Ă©viter l’annulation de leurs listes locales qui ne respectent pas la paritĂ©.
M. Fakihi a regrettĂ© par ailleurs que dans certains cas, « cette participation fĂ©minine avait comme objectif ultime une ambition politique et non pas une prĂ©occupation sincère de rĂ©pondre Ă l’esprit des dispositions constitutionnelles de la parité », notant que plusieurs femmes, dont d’Ă©minentes figures politiques, se sont prĂ©sentĂ©es aux Ă©lections sans pour autant remporter des sièges.
Deux exemples confirment clairement cette observation : La secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale du PSU, Nabila Mounib et la dĂ©putĂ©e de l’Istiqlal, Yasmina Badou, qui n’ont pas rĂ©ussi Ă conquĂ©rir un siège Ă la Chambre des reprĂ©sentants, a-t-il fait savoir.
L’expert en droit Ă©lectoral a estimĂ© que non seulement la forte affluence politique des femmes contribuera Ă l’Ă©volution du sort de cette catĂ©gorie de la sociĂ©tĂ©, mais surtout l’ensemble des politiques publiques Ă©laborĂ©es par L’État dans ce sens, mettant en avant le rĂ´le de la sociĂ©tĂ© civile, du plaidoyer, et surtout de l’initiative nationale des droits humain (INDH) qui a jouĂ© un rĂ´le important dans la protection et la promotion des droits des femmes au Maroc.
En effet, le Maroc a accumulĂ© une expĂ©rience importante en matière de promotion des droits politiques de la femme Ă la faveur d’une unanimitĂ© nationale, grâce Ă la politique Ă©clairĂ©e de SM le Roi Mohammed VI qui n’a eu de cesse d’œuvrer en faveur de la promotion de la place de la femme marocaine dans diffĂ©rents domaines.
« Le Maroc poursuit sa marche soutenue et rationnelle sur la voie de la rĂ©alisation de l’Ă©galitĂ© entre les hommes et les femmes, en termes de droits et d’obligations, Ă travers notamment une mise en Ĺ“uvre optimale des dispositions du Code de la famille qui a dotĂ© la femme d’un statut qui prĂ©serve sa dignitĂ© et lui assure justice et Ă©quité », a soulignĂ© SM le Roi Mohammed VI dans un message adressĂ© aux participants au 61ème congrès des Femmes chefs d’Entreprises du monde, tenu du 25 au 27 septembre 2013 Ă Marrakech.
« PersĂ©vĂ©rant dans cette voie, Nous avons tenu Ă confĂ©rer Ă l’Ă©galitĂ© entre l’homme et la femme une consĂ©cration constitutionnelle dans la rĂ©forme de la loi fondamentale massivement adoptĂ©e par le peuple marocain en juillet 2011 », poursuit le Souverain.
A cet Ă©gard, toutes les dispositions de la Constitution relatives aux droits et libertĂ©s fondamentaux du citoyen confèrent Ă la femme, les mĂŞmes droits et obligations que l’homme, lui ouvrant ainsi la voie Ă une participation pleine et entière Ă la vie publique.
Une sĂ©rie de programmes et de plans ont Ă©tĂ© mis Ĺ“uvre pour la promotion de l’Ă©galitĂ© dans les politiques publiques, notamment la rĂ©forme du Code de la famille, la mise en place du plan gouvernemental pour l’Ă©galitĂ© « Ikram 2012/2016 », pour la lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence Ă l’Ă©gard des femmes, et de l’AutoritĂ© pour la paritĂ© et la lutte contre toutes les formes de discrimination (APLCD), la crĂ©ation de nouvelles institutions nationales des droits de l’Homme, ainsi que la ratification des conventions internationales pour la protection des droits des femmes.
En parallèle de ces progrès, le Maroc est appelĂ© Ă rĂ©pondre Ă des dĂ©fis importants qui Ă©manent non seulement d’un impĂ©ratif de droits humains, mais aussi d’une exigence incontournable pour atteindre une croissance durable et un dĂ©veloppement social inclusif.
Le principe de paritĂ© dans la gestion de la chose publique est une condition sine qua non pour instaurer une vĂ©ritable Ă©galitĂ© et Ă©quitĂ© entre les deux sexes, comme stipulĂ© dans la constitution, tant en matière de droits, d’accès aux ressources et aux opportunitĂ©s Ă©conomiques, qu’en termes d’influence politique.
C’est aussi un important pas Ă franchir pour consolider le processus dĂ©mocratique, Ă©difier l’État de droit et des institutions et renforcer la rĂ©alisation d’une justice sociale dans le Royaume.
5 minutes de lecture