Explication du concept de « passage piĂ©ton » Ă lâinternational : Câest un passage qui est mis en place sous diffĂ©rentes formes â et les traits horizontaux Ă©tant les plus communs – afin de permettre aux PIĂTONS de traverser en toute sĂ©curitĂ©.Â
Le but Ă©tant que les voitures sâarrĂȘtent pour que les personnes qui se dĂ©placent Ă lâaide de leurs pieds puissent passer dâun point X Ă un point Y dans la quiĂ©tude et dans le respect de leurs droits basiques.
Maintenant, passons Ă lâinterprĂ©tation dudit passage piĂ©ton Ă Casablanca (pour le plaisir de lâexemple, nây voyez aucune forme dâagressivitĂ© ou de mĂ©pris Ă©tant donnĂ© que cette tendance est gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă lâexception de quelques villes du nord du pays) : point oĂč les voitures accĂ©lĂšrent davantage pour pouvoir passer avant les piĂ©tons qui eux restent tĂ©tanisĂ©s dans leur coin en attendant quâun automobiliste ait lâamabilitĂ©, la gentillesse, la courtoisie de sâarrĂȘter ⊠enfin, dâavoir un comportement « normal » en principe et jâinsiste sur le « principe » de la chose.
Bref ! Ce matin, et Ă©tant donnĂ© que je suis une personne responsable et respectueuse des lois, jâai marchĂ© plusieurs mĂštres Ă la recherche du fameux passage piĂ©ton en vue de traverser proprement avec mes enfants pour choper un taxi (les taxis Ă©tant un tout autre sujet, je prĂ©fĂšre ne mĂȘme pas en parler pour prĂ©server le peu qui me reste de mes pauvres nerfs dans lâoptique de passer, Ă©ventuellement si vous me le permettez, une journĂ©e relativement correcte).
Et donc, au moment oĂč jâai osĂ© poser le pied sur le premier trait, jâai eu droit Ă lâhabituel et trĂšs irritant festival dâabrutis qui ne respectent personne : Entre celui qui, en rasant le trottoir (trottoir quasi-inexistant), a failli rouler sur les pieds de lâun de mes enfants, celui qui a accĂ©lĂ©rĂ© au moment oĂč je mâengageais et celle qui a du sâarrĂȘter in extremis aux pieds de mon autre gamin tout en essayant de me faire croire que je suis dans le tort (et Ă qui jâai copieusement remontĂ© les bretelles parce quâun certain moment il faut vraiment arrĂȘter de fumer la moquette et de prendre les gens pour des abrutis), jâai tout simplement pĂ©tĂ© une durite.
Je me suis arrĂȘtĂ©e au beau milieu de la route, jâai arrĂȘtĂ© les automobilistes pour permettre Ă mes autres collĂšgues â les piĂ©tons â de traverser tout en indiquant le passage et en criant « Ceci est un passage piĂ©ton ! ». Lâune de ces personnes Ă©tait handicapĂ©e dâailleurs, tous ces idiots le voyaient bien, mais ils accĂ©lĂ©raient, ils sâen foutaient mais complet ! Je voyais cette dame essayer de traverser et toutes ces voitures lâignorer et accĂ©lĂ©rer davantage, y en a mĂȘme qui la frĂŽlaient Ă toute vitesse sans aucune espĂšce de problĂšme.
Ah oui ! Jâai oubliĂ© de vous dire ! Tout ceci se passait devant les yeux de deux policiers qui, eux, Ă©taient beaucoup trop occupĂ©s Ă verbaliser â Ă deux, hein â un automobiliste (mais pas parce quâil avait « grillĂ© » un passage piĂ©tons, entendons-nous bien).
Alors bon, que le monde soit pressĂ© un samedi Ă onze heures du matin, je peux peut-ĂȘtre le comprendre, mĂȘme sâil mâest difficile de croire que lâĂ©crasante majoritĂ© des automobilistes avait quelque chose dâextrĂȘmement urgent Ă faire, mais que les enfoirĂ©s qui conduisent ne respectent ni les personnes handicapĂ©es, ni les mamans qui galĂšrent Ă se dĂ©placer avec un gamin de quatre ans Ă chaque main, ni les personnes ĂągĂ©es, ni les personnes tout court, va falloir quâon mâexplique. Il faut aussi quâon mâexplique pourquoi les flics qui voient tout ne jugent pas important de verbaliser ces gens qui enfreignent la loi sous leurs moustaches ! Pourtant, y aurait de quoi sauver l’Ă©conomie Ă©tant donnĂ© le nombre impressionnant de ces moins-que-rien (excusez du peu et croyez-moi que je reste trĂšs courtoise) !
Câest bien beau de faire des spots pour pleurer les milliers de morts sur nos routes, câest bien beau de lire les commentaires pleurnichards de certains qui dĂ©plorent toutes ces vies perdues, câest beau, câest touchant, mais Ă un certain moment il serait peut-ĂȘtre urgent de se remettre un peu en question, de respecter lâautre, dâappliquer les lois ou de les faire appliquer mĂȘme de force.
Je revendique le droit, moi, piĂ©ton, de traverser sur les passages qui me sont destinĂ©s dans le respect et la sĂ©curitĂ© et je revendique le droit de demander aux flics de verbaliser tous ces dangers Ă©goĂŻstes qui enfreignent les lois dans lâimpunitĂ© totale.
Câest honteux, mĂȘme pas typique des pays du tiers-monde, jâarrive dâun pays du tiers-monde et je pouvais traverser les yeux fermĂ©s, câest un problĂšme plus profond, un problĂšme dâĂ©ducation, de nombrilisme et de crĂ©tinerie. Aw ! 7tarmou bnadem chwiya ! Si nos villes sont appelĂ©es Ă raison « jungles », ce nâest pas pour rien! Zut alors!
Cette chronique a été publiée sur la page Facebook, Les chroniques de Majda.