Maryam Montague et Rabia Franoux Moukhlesse sont deux féministes engagées qui luttent pour que les femmes puissent prétendre aux mêmes droits que les hommes. Avec Agent GirlPower et By RFM les Chieuses, ces deux femmes aux univers différents passent par la mode pour faire passer des messages. Présentation de ces deux projets militants.
By RFM les Chieuses, des vêtements à messages forts
Artiste plasticienne née au Maroc, Rabia Franoux Moukhlesse (RFM) quitte le royaume en 1999. Féministe « pure et dure », elle a toujours travaillé son art pour faire passer des messages et revendiquer des droits. « Je suis une artiste engagée, je ne travaille pas pour fabriquer quelque chose de joli à regarder mais pour faire passer un message. J’ai toujours travaillé sur les femmes, sur ses droits et sur sa place dans la société. Tout ce qu’on ne veut pas voir par rapport à la femme, j’ai envie de le montrer. Il ne faut pas discriminer une femme par rapport à son corps », nous explique-t-elle.
C’est lorsqu’elle revient au Maroc en 2016 que Rabia remarque que les choses ont fortement changé depuis 1999. « J’ai ressenti un choc complet. J’ai parlé à des féministes que je connaissais, et je leur ai demandé: mais qu’est-ce que vous avez fait ? Elles m’ont répondu avoir baissé les bras face à un gouvernement PJD. Les gens se sont radicalisés, on ne peut plus mettre de mini-jupe, on ne peut plus sortir comme on veut. J’ai trouvé cela aberrant. Il faut s’imposer. Je me suis imposée de sortir en short au moins une fois par semaine. J’habite dans une ville balnéaire à Dar Bouazza, mais j’ai été choquée par le regard des gamins, et la manière avec laquelle ils me parlaient », ajoute l’artiste.
« Je peux être ta sœur, ta femme, ta mère »
« Je me suis demandée comment je pouvais changer les choses en passant des messages dans la rue. Il y a des affiches, des vitrines… Je me suis dit pourquoi pas sur les vêtements? C’est un bon moyen pour pouvoir faire passer des messages. Et j’ai remarqué que les femmes qui faisaient leur jogging le dimanche matin portaient toutes un t-shirt, une casquette, un legging et des baskets », souligne-t-elle. Inspirée par ses observations, l’artiste s’imagine porter un t-shirt avec un message, et si un garçon tente de l’agresser, il lui suffira de lui montrer le message sur son t-shirt pour le faire réfléchir.
D’abord lancés en français/darija, puis prochainement en arabe, les t-shirts de Rabia visent à faire prendre conscience aux hommes de leurs mauvais agissements: « Il faut absolument qu’on arrive à faire prendre conscience aux jeunes ce qu’ils sont en train de faire. Je peux être sa sœur, sa femme, sa mère. Quand on les remet dans le contexte familial, ils sont plus respectueux. »
Une marque éthique qui reverse ses bénéfices à une association
« Je me suis dit qu’il fallait que ça rapporte quelque chose aux autres, donc j’ai décidé de ne pas faire payer la matière première: fabrication, graphisme. Ça me faisait deux tiers du prix» nous indique la féministe. Pour s’offrir un t-shirt, il faudra débourser 150 dirhams, et 60 dirhams pour une casquette.
Des prix abordables et du 100% made in Morocco. « Tout est fait au Maroc,. Je travaille avec un sérigraphe marocain, et pour les tissus, nous les fabriquons au Maroc, et on va faire travailler des femmes pour confectionner les t-shirts. Pour l’instant, tous les bénéfices des ventes reviennent à ESPod, c’est une association qui aide les femmes à apprendre un métier et à devenir indépendantes économiquement. Ça leur permet de ne pas être dépendantes des aides. Cela donne une valeur à la personne. Pour cette action, les ventes vont s’arrêter fin mars, et j’envisage de contacter l’association d’Aicha Chenna en faveur des mères célibataires.» Pour arborer fièrement les t-shirts à messages lancés depuis janvier 2018 par Rabia Franoux Moukhlesse, la contacter sur Facebook ou par e-mail.
Le féminisme selon Rabia Franoux Moukhlesse
« Etre féministe pour moi, c’est être égale à l’homme partout, que ce soit au travail, dans la rue, dans la religion, à la maison. Une égalité parfaite. Je resterai féministe tant qu’il n’y aura pas d’égalité. On nait tous égaux en principe, défendre le droit à l’égalité pour nous deux devait être naturel. Tant qu’il y aura des inégalités, je resterai féministe ça c’est clair. Je suis une femme, je ne peux qu’être féministe. Je ne comprends pas ces femmes qui estiment que les femmes ne doivent pas être féministes parce qu’elles détestent les hommes. J’ai un mari et deux garçons, ils sont autant féministes que moi parce qu’ils défendent le droit des femmes. Ca ne veut pas dire que je déteste les hommes, ça ne veut pas dire que je souhaite les rendre esclaves, pas du tout ! Mais le féminisme c’est un état d’esprit, une façon de vivre. Quand je me lève tous les matins, j’ai toujours une boule au ventre en me demandant sur quelle information horrible je risque de tomber en ouvrant les réseaux sociaux. Est-ce qu’il y a une fille qui a été tuée par son mari, est-ce qu’il y a une fille qui a été harcelée… Tous les matins je vis avec, c’est devenu une angoisse. »
Agent GirlPower par Maryam Montague
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