Vie de couple: «Survivre à l’infidélité»

Mais qui suis-je ?

L’un des premiers réflèxes que l’on a après avoir été trompé c’est de remettre en question son identité. C’est un véritable traumatisme qui chasse les illusions romantiques. Ainsi, l’infidélité peut paradoxalement avoir un effet constructif d’un point de vue personnel. On ouvre les yeux sur l’autre mais aussi sur soi. En amour, on peut facilement se laisser aller à avoir beaucoup d’attentes et ce jusqu’à perdre de vue la réalité. On se laisse vivre dans le fantasme amoureux et on peut perdre pied. L’adultère viendra agir comme une sonnette d’alarme. Les projets de vie à deux, la sécurité physique et affective, la présence de l’autre, tout vole en éclat et on a l’impression d’avoir perdu tous ses repères. C’est donc véritablement une remise en question de son identité.

Le couple, un refuge

Avant l’infidélité, on partage avec l’autre un contrat implicite de confiance et de liberté. Après l’infidélité, on ne ressent plus que méfiance et douleur. La douleur vient du fait qu’on se sentait protégé dans le couple. C’est un lieu où on se réfugie dans une époque où l’hostilité et l’adversité sont à leur paroxysme. Ajoutez à cela le rêve de petite fille que toute femme a été : le prince charmant qui répondra à tous ses besoins. L’adultère vient casser ce mythe, créant ainsi un véritable orage émotionnel qui peut dure des jours ou des mois. Car ce dont il s’agit véritablement, c’est d’apprendre à se reconnaître en tant qu’être à part entière, autosuffisant. Plus de refuge à deux, il faut réapprendre à se protéger dans ses propres valeurs, ses seuls principes. Un véritable travail intérieur qui passe par des activités du quotidien où l’on doit s’appliquer pour mieux se retrouver.

Mais que s’est-il passé ?

Pour guérir, il faut comprendre. Il faut donc se forcer, au moment opportun, à s’intéresser à l’infidélité. On se sent abandonnée, bafouée, humiliée… imaginez un peu la blessure narcissique. « Il a trouvé ailleurs ce que j’ai échoué à lui donner ». On se pose mille et une questions : pourquoi a-t-il éprouvé le besoin de voir ailleurs ? Qu’est-ce qu’il y a trouvé que je ne lui ai pas donné ? Que manquait-il dans notre couple ? Pourquoi n’ai-je pas vu les signes ? Et il faut trouver les réponses à ces questions. Il ne faut pas les chasser. Alors que certaines préfèreront réfléchiront à deux, d’autres ne pourront pas croire l’autre. Le tout est de réfléchir en chassant la colère qui met un voile sur notre appréciation de la réalité.

Halte à la victimisation

Oui, quand on est trompé, on est victime. Mais il ne faut pas se languir et se complaire dans la victimisation. Ne pas se laisser aller. Au contraire, il s’agit de reprendre la main et se reprendre en main. Pour cela, beaucoup vont prendre de la distance avec l’autre parce que la cohabitation est aussi tendue que troublante. Et il faut s’éloigner pour avoir une meilleure vision des choses. L’autre représente le bourreau, il faut donc sortir de ce statut de victime. Ainsi, on peut procéder à une autopsie honnête de soi mais aussi de l’autre et du couple que l’on formait. Et par honnête, on entend débarrassée de toute considération égotique ou romancée. Seul ou avec un thérapeute, c’est un choix personnel. Il faut se forcer à décrypter sans ressasser, se confier sans culpabiliser.

Pendre soin de soi

Prendre soin de soi est indispensable pour se reconstruire. Il faut se donner de l’amour, se montrer à soi que l’on s’aime. Ne pas céder à la victimisation, c’est aussi faire l’effort de ne pas se laisser aller physiquement. Aller chez le coiffeur, faire du shopping, faire son sport, manger sainement et s’offrir des moments de bien-être, voilà ce qui mène à une guérison. C’est faire la paix avec soi-même. Il s’agit de prendre du temps pour soi-même. Il faut réapprendre à apprécier la vie seule. Sans l’autre. Se reconnecter à soi-même. Ainsi, on prendra le temps de penser et panser ses blessures.

Positiver l’infidélité

Certes c’est un acte tout à fait négatif en soi, mais il faut y percevoir le positif. Pensez-y comme à une épreuve grandissante. Repenser son couple c’est aussi mûrir affectivement. C’est un sursaut de lucidité et de maturité. On quitte les contes de fées et on s’écrase contre la dure réalité. Et du coup, on est prévenue. La question qui se pose alors est si l’expérience sera positive seulement pour soi ou pour le couple aussi. Pour certaine, il n’y a pas de retour possible sauf vers soi-même. Grand bien leur en fasse, cet apprentissage sera bénéfique à leur prochaines relations. Pour d’autres, le dialogue et l’échange peut mener à la réconciliation. Et si les bonnes bases sont posées, c’est le couple qui en ressort grandi.

Vie privée… Vie privée !

L’infidélité ne regarde que le couple. Ne céder pas à la pulsion primaire de vouloir humilier l’autre, car vous vous humilierez aussi. Il vaut mieux rester discret. Et même si c’est de notoriété publique, l’issue de cette épreuve doit rester privée. Ainsi, il faut aussi ne pas se précipiter dans d’autres relations amoureuses. Pourquoi ? Parce qu’elles ne peuvent être que temporaires tant que l’estime de soi n’est pas entièrement restaurée. C’est une expérience et un travail individuels. Et ça doit le rester.