A la recherche des tant fantasmés « kits de virginité »

Selon le journal Le Monde, certaines Marocaines n’hésiteraient pas à utiliser des « kits de virginité » afin d’entretenir «le mythe de la chasteté» avant le mariage. H24Info s’est rendu aux étals de Derb Omar afin d’enquêter sur ces produits miracles, et a recueilli l’avis d’une sexologue quant à l’utilisation d’hymens artificiels en général. Reportage.

 

 

La virginité des femmes au Maroc, un sujet de moins en moins tabou mais toujours aussi alléchant pour la presse française qui s’attaque aujourd’hui à une question plus ou moins délicate : celle des hymens artificiels. Parmi les objets restructurant l’hymen, le quotidien Le Monde a en effet cité un «kit de virginité», une capsule de sang artificiel qui, insérée dans le vagin environ vingt minutes avant le rapport sexuel, éclate sous l’effet de la chaleur corporelle, répandant un liquide semblable au sang résultant de la rupture de l’hymen.
La capsule serait achetée à 200 dhs à Derb Omar, un quartier connu pour être le dépôt des gadgets les plus insolites à Casablanca. Afin d’en avoir le cœur net, nous nous y sommes rendus déguisés en intéressés.

 

La recherche était longue et pénible, plusieurs commerçants ont refusé catégoriquement de nous répondre, d’autres ont feint n’avoir jamais vu ces objets circuler dans le quartier. Nous avons toutefois été surpris par deux témoignages, l’un d’eux affirmait que ces «kits» étaient bel et bien vendus à Derb Omar mais qu’il serait difficile de s’en procurer vu que les commerçants étaient méfiants vis-à-vis des «nouveaux venus» de peur d’être démasqués par les autorités.

 

Le deuxième témoin nous a précisé que seuls des revendeurs fidèles aux parfumeries du quartier pouvaient obtenir la capsule sur commande, dans un délai de 15 jours. Les parfumeries ne vendraient  donc pas l’objet à des particuliers afin d’éviter tout souci avec les autorités.

 

 

Fantasmes médiatiques

 

Interrogée  au sujet des «kits de virginité», DR. Amal Chabach, première femme sexologue au Maroc, nous a précisé que «l’utilisation des hymens artificiels ne devrait aucunement être associée à la culture marocaine, arabe ou musulmane en général. Le désir de chasteté étant lié tout d’abord à l’éducation. Il existe dans le monde plusieurs sociétés qui sont encore plus exigeantes par rapport à la question de la chasteté. Même en Amérique, des pères continuent à faire porter des anneaux de virginité à leurs filles ».

 

Elle a ensuite ajouté que la reconstruction de l’hymen par peur de la société, ou des membres de la famille, est un phénomène qui commence à disparaître. « En 17 ans de carrière, j’ai pu être témoin d’une évolution très remarquable des mentalités. J’ai reçu dernièrement plusieurs patients conjoints de femmes n’ayant pas été vierges avant le mariage qui insistent sur le fait que ça ne les a jamais dérangé. Les Marocains cherchent aujourd’hui à acquérir une satisfaction sexuelle mutuelle. La nécessité d’être vierge avant le mariage est révolue. Il y en a marre de constater que la presse française persiste à fermer  les yeux sur l’évolution et l’émancipation actuelle des femmes marocaines ».

 

« La reconstruction de l’hymen sous toutes ses formes est sans doute un choix qui peut être lourd de conséquences, surtout sur le plan relationnel. Puisque la relation se retrouve bâtie sur le mensonge et la malhonnêteté » a-t-elle conclut.