Chronique : Entretien d’embauche avec l’année 2017

La fin de l’année approche, c’est le temps des bilans, et des sempiternelles résolutions. J’arrête de fumer, je me mets au sport, je lis un livre par semaine, je déjeune plus souvent avec ma meilleure amie, sans oublier la palme : je perds 5 kilos…Bref, on recommence tout à zéro et on se remet en question, du moins on essaie. Mais comme disait Albert (Einstein, qui d’autre ?) : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » EUREKA Albert ! Evidemment, la réponse à mes questions ne pouvait émaner que de ce génie absolu. Pourquoi tous les ans reconsidérer toute sa vie en espérant que cette année « soit la bonne », quand les années, elles, se succèdent, et passent sur nous comme sur un paillasson sur un pas de porte ? Albert a raison, on va faire les choses différemment, et cette année – 2017 donc – devra me faire part de ses intentions. Je décide de la recevoir en entretien. Oui, l’année en personne, matérialisée juste pour moi.

  • Bonjour, vous avez apporté un CV ?
  • Ha non désolée, on m’avait pas dit, je démarre, c’est ma première expérience..
  • Ok, ça commence mal…Comment appréhendez-vous ce poste ? Quelles sont vos résolutions en tant que nouvelle année ?
  • Des résolutions ? C’est pas à vous de faire ça normalement ? Je ne crois pas l’avoir vu sur ma fiche de poste.
  • Non justement, on vient de l’y ajouter. Donc ?
  • Ben donc vous me prenez de court, il me faut un peu de temps pour y réfléchir…
  • Ok mais par exemple, avez vous les mêmes pulsions meurtrières que votre prédécesseur ?
  • Ah non, non pas du tout !!! Je ne vous cache pas que David Bowie, Prince et Léonard Cohen d’un coup, j’ai trouvé ça vraiment exagéré. Non, moi je pense plutôt à réunir les Beatles, c’est un rêve d’enfant.
  • Ok. (Elle m’inquiète…). Tant que vous ne touchez pas au Rolling Stones, ni à Bill Murray. Et côté politique ? Catastrophes naturelles ? Vous avez des objectifs ?
  • Alors, je ne suis pas du tout calée en politique, donc je ne compte pas m’en occuper du tout. Pour les catastrophes naturelles, je vous avoue que ça se décide en haut lieu. Je ne peux pas trop intervenir.

De plus en plus rassurant. Au fil de notre conversation, je réalise qu’elle est plus intéressée par l’angle du selfie idéal pour sa photo de profil Facebook que par notre conversation. Elle m’explique que, de nos jours, ce qui compte surtout c’est le nombre de followers, de retweets et qu’elle compte détrôner Kim K. dès le 31 à minuit. Je réalise que le profil n’est pas celui dont j’aurais rêvé, mais qu’au moins elle n’a pas l’air mauvaise pour un sou. De toute façon, nous sommes mi-novembre, et l’heure n’est plus au choix. Elle sent mon malaise et me dit avec une moue mignonne après avoir retouché son gloss : « Vous inquiétez pas Madame, j’essaierai d’être aussi bonne que possible ! »