Dépression post-partum: le baby blues des papas

Devenir papa du jour au lendemain est loin d’être facile. Bien que les mamans soient les plus touchées par le baby blues, les hommes aussi passent par une crise existentielle. Un phénomène dont on parle trop peu. Tel est le constat d’une récente étude américaine qui montre que 4 pères sur 10 souffrent d’une dépression prénatale ou postnatale. Entre prise de conscience, perte d’insouciance et sentiment d’être mis à l’écart, le choc émotionnel est souvent bien réel. L’étude a aussi démontré que l’humeur changeante des parents peut avoir des répercussions sur l’évolution de l’enfant.

Pourquoi papa a le blues ?

Fini le temps où le rôle du père n’était que secondaire, cantonné à ramener le pain à la maison. Aujourd’hui, en plus de subvenir aux besoins du foyer,  le nouveau papa est celui qui s’implique, qui s’inquiète et qui assume les tâches parentales autant que la maman. Un fardeau parfois lourd à porter. Rien d’étonnant que le baby-blues passe par là. Car on prend conscience que rien ne sera plus comme avant. Bébé bouleverse tout sur son passage et le papa en subit parfois les conséquences. D’autant que, il faut le rappeler, il ne ressent pas de changement physique durant neuf mois comme son épouse. La naissance est donc plus soudaine et le choc sera davantage brutal face au changement de statut. Finis l’insouciance et la liberté. Place à la maturité, à la stabilité et à la sécurité. Serais-je à la hauteur, serais-je un bon père ? Telles sont les questions qui vous taraudent l’esprit. Rassurez-vous, le père idéal n’existe pas. Vous apprendrez de vos erreurs et vous évoluerez avec le temps. Enfn, le baby-blues est souvent déclenché par le sentiment d’abandon de l’épouse qui n’a d’yeux que pour son bébé. Captivée par son rôle de mère, elle délaisse son compagnon qui se sentira exclu et inutile. Certains pères auront même tendance à rendre le nouveau-né responsable de cet éloignement et ne pas l’aimer suffisamment.

Une angoisse symptomatique…

Fiers et virils, les hommes n’aiment pas s’étaler sur leurs faiblesses. Baby-blues ou pas, ils préfèrent ne pas se soucier du changement qui opère en eux. Voilà pourquoi, très souvent, ce sont leurs compagnes qui remarquent les symptômes et qui les poussent à prendre conscience de ce qui leur arrive. Comment se manifeste le baby-blues au masculin ? Les effets sont nombreux et variés. Tristesse, fatigue, irritabilité, stress inhabituel, perte d’appétit, insomnies, repli sur soi… Alors qu’il croyait vivre un bonheur immense à la naissance du bébé, sa réaction n’est pas celle qu’il attendait. Il s’imaginait devenir un père exemplaire et voilà qu’au moment même où il prend son bébé dans ses bras, il n’arrive pas s’en réjouir pleinement, en proie au désarroi, à la crainte et au doute. Et puis, très vite, il se sent abandonné par sa femme, s’emporte pour un rien, refuse de s’impliquer et perd confiance en lui. Dépassé par les évènements, la déprime s’installe insidieusement. Professionnellement, il va mettre les bouchées doubles en travaillant sans relâche, tout en ayant peur de ne pas arriver à joindre les deux bouts. Et quand il rentre à la maison, épuisé, il perd vite patience avec son bébé, ne supportant ni les pleurs ni les cris. Cette humeur instable et cette  hyper-sensibilité durent généralement quelques jours voire quelques semaines après l’accouchement. Evidemment, le papa ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Il aurait tant souhaité réagir différemment et être bien plus présent pour son enfant. Résultat : Il culpabilise énormément et se sent très mal dans sa peau.

Comment vaincre le baby blues?

Pour venir à bout de sa crise post-partum, le jeune père doit d’abord faire f de son machisme et de sa ferté. Car, c’est bien connu, les hommes ne demandent pas d’aide et préfèrent se débrouiller seuls. Mais c’est une erreur que d’avoir honte de dévoiler ses faiblesses. Personne n’est parfait et dites- vous bien que vous n’êtes ni le premier ni le dernier à faire face à ce qui vous arrive. Le baby-blues est une période difficile à traverser, surtout lorsqu’on s’isole et que l’on se mure dans le silence. Pour vous défaire du sentiment de culpabilité, le mieux c’est encore de vous occuper du bébé, même si vous baissez vite les bras. L’important, c’est de s’impliquer. Rassurez-vous, on s’habitue à tout ! En outre, pour mieux accepter votre paternité, encore faut-il qu’il n’y ait pas de rupture avec votre vie passée. Non, vous n’êtes pas emprisonné dans une cage de layette. Il est important de garder certaines habitudes comme faire du sport, sortir avec vos amis,  regarder vos matches de foot à la télé, aller au restaurant avec votre tendre moitié… Votre statut de nouveau papa ne doit pas vous empêcher d’être celui que vous étiez. De même, votre épouse n’est pas seulement une mère. C’est aussi une femme qui a besoin d’être aimée et chouchoutée. Chose primordiale pour le couple, le retour des ébats sexuels pourra raviver la famme et resserrer les liens qui vous unissent. Cette reprise sera également un excellent déclic pour sortir de la crise. Cela dit, si les symptômes persistent durant des mois et que la déprime passagère se transforme en dépression, il est préférable de consulter un médecin au plus vite.