Hommage posthume à feue Fatima Mernissi à Bruxelles

Un hommage posthume a été rendu, jeudi soir à Bruxelles, à l’éminente sociologue et écrivaine marocaine Fatima Mernissi, lors d’une rencontre qui a permis de jeter la lumière sur le combat de la défunte pour la cause féminine et l’héritage de sa pensée pionnière dans le monde arabo-musulman.

 

 
En commémoration de la disparition de Feue Mernissi, décédée le 30 novembre 2015 à l’âge de 75 ans, la Chaire bruxelloise baptisée en son nom a réuni, au Palais du Bozar, deux connaisseurs de l’œuvre de cette grande figure de la sociologie et de la lutte pour les droits des femmes pour se pencher sur les différentes facettes de son legs qui a largement influencé le développement des mouvements féminins maghrébin et arabe sur la voie de l’émancipation.

 

 
Tour à tour, la journaliste Samira Bendadi et le chercheur Najib Elmokhtari ont décortiqué différents aspects des écrits de cette intellectuelle engagée, saluant le courage, l’audace et l’avant-garde de son oeuvre consacrée principalement à l’étude de la situation et des conditions de la femme arabe et musulmane.

 

 
Najib Elmokhtari qui a dirigé en tant que professeur à l’Université Internationale de Rabat une publication collective dédiée à cette œuvre (Fatema’s dreams of transgress) a mis en avant le « style impressionnant, facile et convaincant » de Fatima Mernissi dont la principale force est de « parler la vérité ».

 

 
« C’est la première sociologue à faire du terrain au Maroc », a-t-il dit, soulignant que la défunte n’a pas hésité tout au long de sa carrière à aller dans les campagnes à la rencontre de la femme rurale, motivée par la volonté de trouver une solution rapide et efficace pour promouvoir ses conditions.

 

 

De son côté, la journaliste Samira Bendadi qui lui avait consacré par le passé un documentaire pour le compte de la radio flamande, a loué le travail de cette intellectuelle hors-pair.

 

 

Pour Mme Bendadi, la singularité de l’œuvre de Mernissi tient aussi à sa démarche. Loin de l’influence des mouvements féministes occidentaux de l’époque, celle-ci ne raisonnait pas en termes de femme contre homme, mais percevait l’homme comme partenaire dans le chemin vers l’émancipation, a-t-elle expliqué, soulignant que le dialogue est « très présent dans son œuvre ».

 

 
« C’est un véritable dialogue entre les différentes générations et les différentes couches sociales, ce qui fait que c’est le citoyen qui compte avant tout pour Fatima Mernissi », retient la journaliste pour conclure que la sociologue marocaine ne s’intéressait pas « uniquement de la situation de la femme ».

 

 

Cette rencontre, modérée par la journaliste et romancière Nadia Dala, est la quatrième et dernière d’une série d’événements organisés par la Chaire Fatima Mernissi à Bruxelles dans le cadre du projet Slam the City, Academia Meets Society. Ces activités portaient sur des thématiques ayant trait à l’Islam et au genre dans un contexte local et transnational, a précisé Iman Lechkar, titulaire de la chaire lancée en janvier 2016 par l’Université libre néerlandophone de Bruxelles (VUB) en hommage à la défunte sociologue marocaine.

 

 
Slam the city qui bénéficie du soutien du ministère de la Culture et des Affaires Bruxelloises, fait référence, selon elle, au choc des dynamiques sociétales à laquelle la métropole bruxelloise fait face. Le projet propose une plateforme pour canaliser cette énergie de manière constructive et créative en vue de créer un tissu urbain bruxellois plus inclusif et plus cohérent, a expliqué l’universitaire en introduction de la rencontre.