Liberté, égalité, actualité: la femme égale de l’homme ?

La femme égale de l’homme ? Un combat loin d’être fini, sur le marché du travail comme ailleurs. Etat des lieux au Maroc.

 

Le combat de la parité et de l’égalité des sexes ne cesse de faire rage, notamment ces derniers mois après l’éclatement de l’affaire Harvey Weinstein et la libéralisation de la parole des femmes. Les femmes manifestent le droit d’être traitées de la même manière que les hommes au quotidien mais aussi sur le marché du travail. Egalité des chances, égalité des salaires, évolution de carrière… Vaste entreprise ! Au Maroc aussi, ces revendications sont plus que jamais d’actualité. 

 

Le Maroc, mauvais élève

 

 

Malheureusement, le constat n’est pas très réjouissant. En matière d’égalité homme/femme, le Maroc est parmi les moins bien classés. Comme chaque année, le Forum économique mondial (WEF) réalise un classement de la parité homme/femme dans 144 pays. Publié début novembre, le classement 2017 nous apprend que le Maroc pointe en bas du classement, à savoir à la 136ème place…  Pour arriver à ce résultat, le WEF évalue la parité en se basant sur quatre critères : l’économie (salaires, participation et accès aux fonctions dirigeantes), l’éducation, la santé et la politique.

 

 

Il élabore ensuite un indice global compris entre 0 et 1 (1 étant le plus favorable c’est-à-dire là où l’égalité est quasi parfaite). Avec un score de 0.598, le Maroc n’est pas dernier mais presque. S’il est plutôt égalitaire en termes d’accès à l’éducation (0.920) et à la santé (0.965), le Maroc a encore beaucoup à faire au niveau de la représentativité des femmes en politique (0.117) et en termes d’égalité au niveau économique (0.391). Au Maroc, une femme gagnerait en moyenne 30 000 dirhams par an (3 295 dollars) contre 115 000 dirhams par an pour un homme (12 471 dollars). Aussi, à niveau académique égal et à poste équivalent, les Marocaines gagnent environ 17% de moins que les hommes. Les femmes sont également surreprésentées parmi les chômeurs.

 

Comme l’explique l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dans son rapport « Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances 2018 », les femmes risquent deux fois plus que les hommes d’être au chômage en Afrique du Nord et dans les pays arabes. Ainsi, « à l’échelle mondiale, la région d’Afrique du Nord affiche le plus fort taux de chômage alimenté par de graves pénuries d’emploi pour les jeunes et les femmes ». Au Maroc en l’occurrence, les femmes diplômées de niveau supérieur sont concernées par le chômage à hauteur de 22,8 % contre 14,9 % pour les hommes.

 

 

Une tendance mondiale

 

 

Mais ce fléau ne concerne pas que le Maroc. En effet, l’égalité homme/femme est loin d’être parfaite à travers le monde. Le rapport du WEF démontre que même si de timides progrès ont pu être constatés ces dernières années, il semblerait qu’en 2017, la tendance se soit inversée. Aussi, le taux de chômage est plus que jamais préoccupant et touche surtout les femmes. Et même lorsque ces dernières travaillent, elles accèdent à des emplois peu rémunérateurs. 

 

Pourquoi de telles différences ? Il a été maintes fois prouvé par le biais d’enquêtes et d’études qu’une entreprise est plus performante lorsque c’est une femme qui la dirige. En 2007 déjà, le cabinet de conseil McKinsey & Company avait mené une étude, « Women Matter » censée établir le lien entre la présence de femmes aux postes de direction et l’excellence organisationnelle de l’entreprise. Mais malgré ces résultats probants, l’inégalité subsiste et les femmes qui brisent le plafond de verre sont rares, trop rares. En cause, la persistance des clichés sexistes mais également les responsabilités du foyer imputées aux femmes. En effet, pour de nombreuses femmes actives, la vie privée est un poids lourd à porter.

 

 

D’après l’enquête Decryptis, réalisée en décembre 2017 par l’Economiste, les contraintes familiales (gestion du foyer, courses…) ont un fort impact sur la vie professionnelle pour 48% des interrogées. Ainsi, les entreprises en ont conscience et ont encore du mal à gérer la possible maternité de leurs salariées et les congés qui vont avec. L’égalité homme/femme a donc encore du chemin à faire ! 

 

 

L’exception qui confirme la règle 

 

 

Pourtant, un pays se démarque de ses camarades, à savoir l’Islande. Le pays nordique occupe en effet la première place du classement. Elle est le premier pays au monde à voter la loi sur l’égalité salariale entre femmes et hommes, entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Les entreprises publiques et privées de plus de 25 salariés sont maintenant obligées d’appliquer une stricte égalité des salaires. Un très bel exemple à suivre ! 

 

 

Malheureusement, l’Islande semble être une exception. Selon le rapport du WEF, « il n’y aura pas d’égalité hommes femmes avant plus de 100 ans » au niveau mondial. Et pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, il faudra attendre encore plus longtemps à savoir, 157 ans. Autant dire que la parité et l’égalité parfaite entre les sexes n’est pas pour demain !