Zanka Bla Violence : tournée dans le Maroc contre le harcèlement de rue

Le harcèlement dans les rues marocaines est un fléau que toute femme a déjà expérimenté. Beatriz Villanueva, Monsef Kabri et Soufiane Guerraoui sont trois comédiens à l’origine de Zanka Bla Violence (une rue sans violence).

Le harcèlement dans les rues marocaines est un fléau que toute femme a déjà expérimenté. Beatriz Villanueva, Monsef Kabri et Soufiane Guerraoui sont trois comédiens à l’origine de Zanka Bla Violence (une rue sans violence).

 

 

Leur but ? Sensibiliser la population au harcèlement de rue à travers l’art en deux temps forts : le « Zanka Théâtre » et le « Zanka Lab », qui permettent aux citoyens de ressentir la situation de harcèlement grâce à de nombreuses expériences sensorielles. Le Zanka Lab ou  « comment vivre, revivre ou sentir le harcèlement dans un espace expérimental » a entamé une tournée dans les villes marocaines qui prendra fin ce 5 avril. Après Fès, Tanger et Rabat, le collectif d’artistes est passé par Casablanca et se trouve en ce moment à Marrakech jusqu’à demain.

 

Une tournée en deux étapes

 

A chaque passage dans les villes, le collectif reste deux jours. Le premier jour, les visiteurs du Lab sont invités à entrer par groupes de quatre dans le camion où de nombreuses expériences informatives et sensorielles les attendent : images, sons, vidéos et objets interactifs.

 

Dans un second temps, les citoyens sont invités à habiller des mannequins homme et femme pour exprimer comment une femme qui ne se fait pas harceler devrait s’habiller, ou encore comment s’habille un homme qui ne harcèle pas, le tout pour éveiller les consciences et montrer que ce n’est pas une question de vêtement. Tout ceci contribue à lancer le débat et  à ouvrir des pistes de réflexion. Si dans la plupart des villes, ces ateliers sont ouverts à tous, à Rabat et à Tanger, le collectif s’est rendu dans un lycée à Fès et une Université à Rabat pour « sensibiliser les jeunes ».

 

Le deuxième jour, c’est sur scène que l’on retrouve les comédiens. Zanka bla violence a imaginé une pièce de théâtre en trois parties, la première est une projection, on vous laisse découvrir la vidéo.

 


La seconde est une petite pièce de théâtre  interprétée par les comédiens qui se sont inspirés de témoignages. Dans la troisième partie de ce « théâtre forum », le spectateur devient « spectacteur » et est invité à fouler les planches pour apporter son regard à des situations mises en scène.

 

Une initiative qui permet de déconstruire les clichés et d’ouvrir le débat

 

La vidéo de Zineb, agressée dans un bus à Casablanca en août dernier, et plus récemment la tentative de viol d’une jeune fille mineure filmée dans la province de Rhamna, sont quelques exemples de nombreux faits divers de ce genre relayés par la presse. Depuis l’avènement des réseaux sociaux, le débat sur le harcèlement des femmes dans l’espace public a été relancé. Si aujourd’hui, les vidéos de ces agressions sont diffusées sur les réseaux sociaux, il ne faut pas croire que cela n’existait pas avant. C’est afin d’améliorer les connaissances de la population sur ce sujet que Zanka bla violence souhaite participer à sa façon au processus de prise de conscience de la population.

 

Des chiffres alarmants

 

Partenaire d’ONU Femmes, le collectif a pu mettre la main sur les chiffres exacts de l’étude « Les hommes et l’égalité des sexes dans la région Rabat-Salé-Kénitra) qui avait été réalisée par l’ONG en 2016 en partenariat avec le HCP.

70% des femmes sont victimes de violences au cours de leur vie

 

 

Plus de 60% des hommes harcèlent pour s’amuser

 

 

Plus de 50% des hommes confient avoir déjà harcelé une femme

 

« Quelle que soit la femme, elle se fait harceler. C’est ainsi, qu’on peut parler du théâtre au service de la société », nous confie Soufiane Guerraoui . Une démarche artistique et citoyenne que l’on applaudit.