8 mars: sept expressions sexistes à bannir d’urgence de notre vocabulaire

Alors que le Maroc connait quelques avancées (lentes mais constantes) en matière des droits des femmes, la mentalité ne suit malheureusement pas toujours. En témoigne ces sept expressions carrément sexistes que l’on utilise tous les jours.

Alors que le Maroc connait quelques avancées (lentes mais constantes) en matière des droits des femmes, la mentalité ne suit malheureusement pas toujours. En témoigne ces sept expressions carrément sexistes que l’on utilise tous les jours.

Il est indéniable que la femme marocaine a acquis ces dernières années plusieurs droits. La révision de la moudouwana, la loi 103.13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes et les conventions internationales pour la protection des droits des femmes ont largement contribué à améliorer sa situation au Maroc comparé à il y a vingt ans.

Mais dans les faits, le combat féministe a encore de beaux jours devant lui… La mentalité de notre société est fortement imprégnée par une culture populaire qui n’honore pas franchement la gente féminine. Quand ce ne sont pas les citoyens qui dénigrent la marocaine, c’est le chef du gouvernement qui s’y met. Rappelez-vous en 2014, et pour ne citer que cet exemple, Abdelilah Benkirane comparaissait les femmes aux foyers à des lustres. Bref, pas un pour rattraper l’autre… Retour sur ces expressions sexistes voire misogynes utilisées tous les jours aussi bien par les hommes que par les femmes.

Broujoula/Koun rajel/ kelma dial rejjel/ et tous les termes qui contiennent la racine «rajel» sont sexistes car ils partent du principe que l’homme est plus fort que la femme. Les expressions avec le mot «rajel» sous-entendent que la femme ne tient pas sa parole, qu’elle est faible, indigne de confiance et pas à la hauteur de ce qu’on lui demande. Sauf si l’on considère que le terme «rajel» renvoit à l’Homme en général et englobe hommes et femmes mais on sait tous que ce n’est pas le cas…

-Sougan dial laâyalat/souk laâlat/ Chghal laâyalat. Combien de fois n’avons-nous pas entendu le chauffeur de taxi lancer la phrase «conduite de femme» souvent accompagné d’un charmant «t’fou» pour désigner un automobiliste qui conduit mal? Comme ça, tranquillement, sans gêne…  Quant à l’expression «affaire de femmes», elle renvoie tout simplement à une chose inintéressante et futile. Parce que les hommes, eux, ne discutent que de sujets graves et révolutionnaires !

-Ghir mra/ghir wliya signifie «c’est juste une femme». Notez bien le terme «juste». L’expression suppose que la femme est «juste» une petite chose qu’on ne devrait pas prendre au sérieux ou dans certains contextes surprotéger car elle est considérée comme étant nettement inférieure à l’homme et plus faible que lui.

-Delâa âawja: «La femme est une côte tordue». Encore une expression élégante de notre patrimoine oral. Sans doute la plus misogyne de toutes !

-Le terme «mréwa» est utilisé pour désigner tout homme jugé incapable de réaliser certaines choses dignes d’un vrai bonhomme fort et viril. Donc en fait le terme «femme» est ici une insulte…

Khtafet rejal signifie «voleuse d’hommes». Le fait qu’il n’y ait pas d’équivalent pour les hommes en dit long sur la mentalité des Marocains. La femme serait la seule responsable de briser un couple, l’homme lui n’est qu’une pauvre victime incapable de contrôler ses pulsions…

-La plupart des proverbes marocains sont en réalité sexistes, en voici trois exemples:

L’mra chaourha ou la dir b’ryha: consulte la femme mais ne tient pas compte de son avis
L’mra ou darsa maândhoum dwa, ghir l’koullab ou l’bra: contre la femme et la dent gâtée, il n’y a pas de remède autre que le davier et le divorce.
L’mra delâa âawja, ila serrehtiha theress : la femme est comme une côte tordue, si on la redresse, elle se casse.