Le parcours d’une casa-battante !

Du coup ma journée ressemble à un parcours de combattant dont l’objectif serait d’éviter les dragueurs en série. Et ils sont nombreux. Et ils sont partout. Plus fugace que futé, plus vulgaire que viriles, plus puant que charmeurs. Ils veillent à mon inconfort avec force et insanités. Le matin si je traîne en regardant mon placard l’air lassée ce n’est pas de la futilité. C’est que j’examine et choisit minutieusement la tenue qui le provoquera le moins, qui l’attirera le moins, qui l’encouragera le moins. A la manière d’une Lady privée de sa garde royale, mon dress code est aussi sobre que « vertueux ». Pourtant, à l’heure de happer un taxi, ce n’est pas un taxi mais un col blanc libidineux qui s’arrête pour me proposer un aller-simple vers le manque de respect. Arrivée au bureau, ma jupe sous les genoux n’empêchera pas mon voisin d’open-space de mater mon entre-jambes lorsque je décroise ces dernières.

Arrive la pause-dej’ et pressée comme jamais je tente d’avaler mon sandwich au thon en marchant. Je me suis prise pour Carrie, mon alter-ego, à Manhattan mais je me suis rappelée de mon statut de « tria » au Maarif lorsque j’ai été confrontée au regard dégoulinant d’un passant. Et il ne dégoulinait pas sur mon sandwich mais sur ma bouche ouvert pour l’avaler… Lequel sandwich j’ai fini par jeter de dégoût.

La journée terminée, avec D. nous décidons de nous offrir un afterwork entre nanas. Afterwork il y a eu, entre nanas pas vraiment. Entre chaque, bouchées vapeurs nous avons eu droit à un digestif qui prenait la forme d’une caricature vivante : cheveux gominés, chemises ouverte sur un torse poilu et une grosse chaine en or et, bien entendu, le gros cigare qui va avec… Alors, l’air d’un Humphrey Bogart version Bab El Oued, il nous assène un « je vous offre un verre les filles ». A quoi nous répondons en silence en le dévisageant de haut en bas avant d’éclater de rire. Vous auriez vous sa mimique outrée… Bon ce n’est pas tout, mais nous on a un taxi vert à appeler, en priant qu’il vienne avant qu’on se fasse agressées !