La chronique de Majda : Quand la violence et l’obscurantisme gagnent nos écoles

Depuis la rentrée scolaire, les enseignants du secteur public font les gros titres de nos médias nationaux complètement déchaînés.

 
J’aurais aimé, croyez en ma sincérité, vous annoncer qu’ils ont trouvé des méthodes révolutionnaires pour transmettre leur savoir à nos petites têtes brunes. J’aurais aimé vous dire qu’ils se sont tous soulevés pour demander à leurs responsables de réfléchir, ensemble peut-être, à des solutions réalistes pour rendre son honneur à un enseignement public en faillite depuis bien des années.

 

J’aurais aimé vous apprendre leur décision d’encourager l’esprit critique, banni depuis des lustres des bancs de nos écoles, et demander à ce que leurs élèves aient enfin le droit de discuter les textes divins ou les théories scientifiques. J’aurais aimé vous dire qu’ils ont tapé du poing sur la table et décidé que, cette année, leurs élèves auront du matériel dans leurs laboratoires pour enfin passer de la théorie à la pratique… il aurait été temps.

 

J’aurais aussi aimé vous annoncer leur volonté ferme et unanime de placer la pédagogie – ce fantôme survolant les couloirs moisis de leurs écoles – comme principal axe d’épanouissement de leurs élèves. J’aurais aimé vous annoncer tellement de bonnes nouvelles, croyez-moi ! Tellement de bonnes nouvelles !

 

 

Au lieu de quoi, nous apprenons qu’un enfant s’est fait violemment gifler par son institutrice à Tanger. Institutrice suspendue au moment où je vous parle, l’hamdoullah, après l’excitation de l’opinion publique sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, je profite de cette tribune pour encourager mes compatriotes à toujours gronder pour que certaines justices soient rendues. Apparemment, il n’y a que comme ça que ça marche.

 
Nous apprenons aussi la nouvelle, et pas des moindres, que des enseignants discutent – dans l’intimité d’un groupe secret sur Facebook (on se croirait dans un navet de série B) – la nécessité de la non-mixité de leurs classes. Ça serait vital et « la voie de l’Islam » selon leurs dires d’illuminés en panne d’électricité.

 

L’un d’entre eux s’est même félicité d’avoir fourré dans le crâne de ses élèves de sexe féminin – c’est toujours ce sexe-là l’origine de tous les maux de cette société, ne cherchez pas à comprendre – l’importance du port du voile. Inutile de vous dire que ces idées, brillantes pour les uns et dangereuses pour nous autres, ont été applaudies par tous ses petits copains de la profession (je parle de ceux qui s’amusent à fomenter leurs plans dans ce groupe secret. Je préfère préciser).

 

Édifiant ! Il aurait même obtenu l’aval de ses élèves, qu’il a bien entendu pris le soin de sonder – en même temps, il n’avait pas autre chose à faire, vous en conviendrez – dans un élan d’obscurantisme déguisé en une démocratie douteuse. Avant de finir par promettre, et c’est le clou du spectacle, de mettre en exécution son plan dès le 11 septembre. N’y voyez aucune symbolique, simple hasard du calendrier. J’ose espérer.

 

Je vous épargne les textes et autres prêches de tous leurs semblables, les illuminés, qui sont sortis de leurs grottes pour saluer cette honorable initiative très en adéquation avec la religion chérie de notre pays. Rien que ça !

 

 

Je ne sais pas vous, mais moi, ça commence à sérieusement m’inquiéter que ces incompétents notoires – opérant d’ailleurs sous des pseudonymes angoissants – s’occupent de l’éducation de nos enfants. Un enseignant, celui-là même qui a failli devenir prophète, a l’obligation de transmettre son savoir, d’éduquer – dans le vrai sens du terme – ses élèves, de les accompagner, de les encadrer pour qu’ils puissent réussir leur scolarité et espérer un avenir prometteur.

 

Un enseignant a le devoir de respecter ses élèves et la pluralité de leurs profils et non pas chercher à cloner sa pensée en se servant d’esprits immatures et facilement manipulables. Un enseignant a la responsabilité de la neutralité idéologique et religieuse, et il n’est pas dans ses attributions de voiler les petites filles qui lui sont confiées ni de radicaliser sa classe en tenant des propos aux antipodes d’une identité Marocaine se voulant ouverte et tolérante. Un enseignant, un vrai, – et fort heureusement notre pays en a et beaucoup – n’a pas à manigancer des plans dangereux en s’octroyant tous les droits tout en surestimant ses tâches.

 
Ces enseignants, qui s’amusent à fourrer des idées obscurantistes dans les cerveaux de leurs élèves, qui se croient tout permis au nom d’une religion interprétée librement et dangereusement, méritent – et pas de conditionnel avec la vermine – le même sort que la psychopathe qui a violenté son élève : La suspension. Plus encore, ils devraient être virés parce qu’ils ne méritent pas l’honneur de leur profession.

 
Le Ministère de l’éducation nationale et les académies pour lesquelles ils travaillent se doivent de prendre des sanctions exemplaires parce que cet obscurantisme-là se doit d’être tué dans l’œuf … avant qu’il ne soit trop tard. À bon entendeur !

 

 

Cette chronique a été publiée sur la page Facebook, Les chroniques de Majda.